« Nous ne sommes pas des collaborateurs du ministre ». Avec l’arrivée d’Alain Bentejac pour succéder à Bruno Durieux, c’est un changement de profil et un changement de style qui s’annoncent à la tête des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), qui doivent encore valider cette nomination lors de leur assemblée générale du 20 juin.
Dans l’entretien exclusif qu’il à accordé au magazine Le Moci (à paraître le 29 mai*), le coprésident d’Artelia, qui a été élu le 15 mai à la présidence du Comité national des CCEF (CNCCEF) par son conseil d’administration, estime en effet que l’une des priorités doit être de réduire « le déficit d’image » dont souffre l’institution, et de la repositionner clairement, vis-à-vis des pouvoirs publics, comme « une force de proposition».
Rencontrer les pouvoirs publics sera d’ailleurs l’une des premières actions concrètes que ce chef d’entreprise de 60 ans, qui est passé par l’ancienne Direction des relations économiques extérieures (DREE) et quelques cabinets de ministres du Commerce extérieur au début des années 90 (Dominique Strauss-Khan, Bruno Durieux), proposera de faire à l’assemblée générale du 20 juin qui doit entériner sa nomination. Mais ce sera comme un partenaire : «certes nous sommes nommés par l’administration, mais nous ne sommes pas des collaborateurs du ministre, nous sommes des bénévoles, des individus indépendants, et même nous payons –via les cotisations relativement chères- pour exercer cette fonction ».
Mais le changement de positionnement passera aussi par une relance de l’institution en tant que « think tank » au service du commerce extérieur, après trois mandats successifs de Bruno Durieux qui ont rendu nécessaire «un nouvel élan». «Nous devons être force de proposition, être capable de dire aux pouvoirs publics si telle idée ou tel projet est bon ou mauvais pour le commerce extérieur, dans le cadre d’un dialogue constructif ».
A cet égard, Alain Bentejac semble profondément convaincu que 116 ans après sa création, le concept des CCEF reste «pertinent » mais « que nous avons un gros effort à faire en matière de communication », de « rajeunissement de l’institution en y associant de jeunes entrepreneurs », et « qu’on n’hésite plus à prendre position ».
Convaincu que ce réseau est « un atout exceptionnel », avec ses « quelque 4300 entrepreneurs, bénévoles et prêts à soutenir le commerce extérieur de la France » presque partout dans le monde, Alain Bentejac n’en est pas moins conscient qu’il faudra remotiver une partie des troupes, et en premier lieu en France : « la mission des conseillers à l’étranger est davantage reconnue que celle qu’ils ont en France car les ambassadeurs et les conseillers économiques s’appuient davantage sur les sections étrangères des CCEF et que ça marche très bien» diagnostique-t-il. « En France, il faudra veiller sans doute à repositionner les CCEF au niveau national vis-à-vis des ministères, administrations et opérateurs chargés du commerce extérieur mais aussi, au niveau régional, vis-à-vis des conseils régionaux et des acteurs économiques des régions ».
Plutôt pragmatique et adepte du « travail en équipe » dans sa pratique, le nouveau président entend s’appuyer sur « de larges délégations » pour exercer sa présidence.
Christine Gilguy
*L’intégralité de cet entretien exclusif est publiée dans le magazine Le Moci du 29 mai-4 juin 2014, n° 1964 disponible dans la Librairie en ligne de notre site Internet www.lemoci.com.