Le chef de l’Etat français se rend dans les trois pays du Caucase du Sud, du 11 au 13 mai pour une mission qui s’annonce délicate. Elle intervient en effet dans le contexte d’une grave crise entre la Russie et l’Occident au sujet de l’Ukraine, moins de six ans après la guerre russo-géorgienne.
François Hollande va d’abord faire de la diplomatie dans cette région de 16 millions d’habitants en proie à des conflits gelés, considérée par Moscou comme son pré-carré et qui se trouve écartelée vue les tensions géopolitiques qu’elle connait actuellement : les uns rejoignent l’Union douanière « russe » (Arménie), les autres se rapprochent de l’Europe (Géorgie) ou du moins gardent un cap stratégique pro-occidental (Azerbaïdjan).
« Le message que le président va envoyer est qu’il ne vient pas pour concurrencer ou combattre la Russie, mais pour continuer à offrir à la région la possibilité de s’ouvrir », dit une source élyséenne. Raison de plus pour parler « affaires ». Il sera, en l’occurrence, accompagné de Fleur Pellerin, secrétaire d’État au Commerce extérieur, et d’une délégation d’une vingtaine d’entreprises, dont Total, GDF-Suez, Alstom…
En Azerbaïdjan, leader régional du point de vue économique, la relation avec la France s’est crispée ces derniers jours pour des raisons liées au durcissement du régime. Du coup, les signatures de contrats sont incertaines. Il pourrait y en avoir dans le domaine des transports, de l’énergie, de l’agriculture (un arrangement administratif sera paraphé), de l’environnement, voire des infrastructures sportives.
En Arménie, l’Élysée a eu de la peine à remplir le programme. Du coup, la visite sera très axée sur le mémoriel (génocide des Arméniens). Ces derniers mois, Erevan a fortement distendu ses liens avec l’Europe – dont François Hollande vient aussi défendre les couleurs au Caucase -, notamment en renonçant à l’Accord d’association avec l’UE en septembre (pour rejoindre, sous la pression du Kremlin, l’Union douanière Russie – Kazakhstan – Biélorussie). Le chef de l’État saluera, toutefois, l’ouverture d’un magasin Carrefour dans la petite république.
Le président achèvera son voyage par une visite en Géorgie, le « bon élève » européen de la zone. Tbilissi doit signer l’Accord d’association avec l’UE en juin. Il s’agit de la soutenir tandis que Moscou grogne. Un bureau de l’AFD (Agence française de développement) sera ouvert à Tbilissi (d’où la présence de Fleur Pellerin dans la délégation), plusieurs protocoles d’accord seront signés, dont un de 50 millions d’euros entre Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement des investissements privés, et le groupe géorgien Silk Road, au sujet de la construction de deux centrales hydro-électriques.
Régis Gente, à Tbilissi