C’est le 12 mars prochain, en Conseil des ministres, que Véronique Bédague-Hamilius sera nommée directrice générale d’Ubifrance. « En attendant, c’est en toute discrétion que l’actuelle secrétaire générale de la Mairie de Paris a reçu les principaux cadres de l’agence publique», le 4 mars dernier, livre à la Lettre confidentielle un proche du dossier. Celle-ci devrait ensuite rejoindre les locaux d’Ubifrance, boulevard Saint-Jacques, dans le 14e arrondissement, dans les quinze jours à trois semaines après sa nomination officielle.
La future dirigeante a écrit dès fin février au président d’Ubifrance, Jean-Paul Bacquet, une lettre dont certains extraits sont parvenus à la LC, dans laquelle elle s’engage à lancer sans tarder un nouveau « plan stratégique » en vue de préparer le futur contrat d’objectifs et de performances (COP) 2015-2018 qui sera passé avec l’État. Et à y travailler « étape par étape », en associant les personnels et les grands partenaires extérieurs des deux agences.
Véronique Bédague-Hamilius se prépare ainsi à prendre les rênes de France International Entrepreneurs, l’organisme issu de la fusion d’Ubifrance avec l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii), basée dans le même immeuble du boulevard Saint-Jacques. « Les statuts de la nouvelle agence devraient être finalisés fin juin-début juillet, de façon à ce que France International Entrepreneurs (le nom n’est pastotalement arrêté) soit opérationnel début 2015 », précise l’interlocuteur de la LC.
Côté social, le terrain semble avoir été quelque peu déminé. Le choix d’un directeur général possédant un profil de gestionnaire plutôt que de spécialiste de l’international avait suscité chez les personnels des deux agences, des craintes concernant les moyens humains et financiers de la nouvelle entité. Les autorités de tutelle se sont employées à rassurer leurs syndicats. Les représentants du personnel de l’Afii ont été les premiers reçus à Bercy le 14 février. Leurs collègues d’Ubifrance ont été reçus comme ils le souhaitaient à Matignon, le 21 février par le conseiller technique en charge du dossier, Guillaume Chabert. Ce dernier leur aurait assuré que seuls 19 postes seraient touchés par la fusion, soit 1,2 % du personnel actuel d’Ubifrance, dans les fonctions support (communication, ressources humaines…), les métiers opérationnels étant totalement préservés.
Autre motif d’apaisement pour les personnels : lors du Conseil stratégique de l’attractivité, les 17 et 18 février, François Hollande a indiqué que la nouvelle entité disposerait d’un budget annuel de 200 millions d’euros, soit 8 millions de plus que les budgets cumulés actuels de l’Afii et d’Ubifrance, selon notre source. Sur le fond, les syndicats
restent, néanmoins, opposés au projet de fusion. « C’est l’alliance de la carpe et du lapin et les synergies entre les deux organismes existants seront très limitées », y affirme-t-on, en évoquant les conclusions du rapport Lepetit de l’Inspection générale des finances sur la fusion, remis au Premier ministre fin 2013.
La tâche qui attend celle qui va succéder à Christophe Lecourtier ne sera donc pas de tout repos, mais elle dispose de sérieux atouts et… soutiens : « Je l’ai rencontrée plusieurs fois, c’est une femme très dynamique, très volontaire, qui a la réputation de ne pas s’arrêter au premier obstacle, indique à la LC Jean-Paul Bacquet. Pardonnez-moi l’expression, mais elle a la carrure pour faire ce travail, car c’est un défi. Et il y en aura d’autres derrière. » Selon le président d’Ubifrance, Véronique Bédague-Hamilius aurait « parfaitement conscience » de la qualité des « outils » qu’elle doit fusionner, qui ont chacun des métiers très différents -l’export pour Ubifrance, attirer des investisseurs pour l’Afii-. « Il n’est pas question de les casser », insiste encore le député (PS) du Puy-de-Dôme.
Christine Gilguy et François Pargny