Le nouvel organisme, qui naîtra de la fusion d’Ubifrance et de l’Afii (Agence française pour les investissements internationaux), aura une caractéristique assez singulière : sa tutelle sera assurée conjointement par quatre ministères, à savoir Économie et Finances (Pierre Moscovici), Commerce extérieur (Nicole Bricq), Affaires étrangères (Laurent Fabius), Égalité des territoires et Logement (Cécile Duflot).
On peut penser qu’il y a là un savant dosage entre Quai d’Orsay et Bercy… Toujours est-il qu’à Bercy, on s’avoue très satisfait avec deux ministères détenant la co-tutelle. Un choix d’autant plus appréciable, explique-t-on à la Lettre confidentielle, que jusqu’à présent, l’Afii lui échappait totalement, puisque cette agence est de la seule compétence des services de Laurent Fabius et Cécile Duflot. Mieux encore, c’est Bercy qui pilotera la nouvelle structure, en toute logique, fait-on comprendre à la LC, puisque 90 % du budget proviendra de Bercy.
Du coup, dans les services du ministère du Commerce extérieur, on s’avoue surpris que certains médias aient présenté la fusion d’Ubifrance et de l’Afii comme une victoire de Laurent Fabius sur Nicole Bricq. Il est vrai que que Véronique Bédague-Hamilus, l’actuelle secrétaire générale de la Mairie de Paris, qui prendra très vraisemblablement les rênes du nouvel organisme, est une ancienne conseillère technique du ministre des Affaires étrangères, quand il était à l’Économie, aux finances et à l’industrie de 2000 à 2002.
Mais à Bercy, on rappelle, d’abord, que la fusion Afii/Ubifrance était le projet de Nicole Bricq… alors que Laurent Fabius n’y était pas favorable. Ensuite, le choix de Véronique Bédague a été soutenu par Pierre Moscovici. Pour ce dernier, malgré son peu d’expérience de l’international, la future patronne de l’entité fusionnée présente le bon profil d’une gestionnaire aguerrie -elle a eu la main sur quelque 50 000 agents à la Maire de Paris-, capable de dialoguer avec le personnel et les syndicats, au moment où Ubifrance et l’Afii s’engagent dans une réforme de fonds avec une organisation resserrée.
De fait, la perspective de cette fusion n’est pas sans provoquer des remous sociaux. L’intersyndicale FO-CFDT-UNSA affiche la couleur. Elle a annoncé qu’elle entendait bien se battre contre une initiative qui lui fait craindre une réduction des effectifs et des moyens.
Le 27 janvier, dans une lettre à Jean-Marc Ayrault, restée sans réponse, elle avait demandé à être reçue par le Premier ministre. Puis, le 5 février, suite aux révélations de la presse, les trois organisations avaient signé un communiqué commun dénonçant le manque de dialogue et de concertation. Le lendemain, Denis Tersen, directeur de cabinet de Nicole Bricq, leur avait indiqué que la ministre était prête à les recevoir le 14 février, à son retour des États-Unis où elle devait accompagner le président Hollande. L’intersyndicale a décliné cette invitation, demandant comme interlocuteur Matignon.
François Pargny