Les deux organismes publics vont fusionner dans le cadre de la création de France International. C’est un nouveau rebondissement dans le feuilleton du rapprochement entre Ubifrance (Agence française pour l’internationalisation des entreprises) et l’Afii (Agence française pour les investissements internationaux) : c’est bien une fusion pure et simple qui est désormais envisagée, à la suite d’un ultime arbitrage rendu par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ces jours-ci en faveur de la ligne de Nicole Bricq, selon les informations recueillies par la Lettre confidentielle.
C’est donc la ligne défendue par la ministre du Commerce extérieur qui l’aurait emportée, à 15 jours de la réunion du Conseil supérieur de l’attractivité, prévue le 17 février, au cours de laquelle doivent être détaillées les modalités du rapprochement. Une réunion technique s’est tenue à Matignon le 4 février pour arrêter ces dernières.
Un précédent scénario, selon une ligne défendue par Laurent Fabius, semblait pourtant l’avoir emporté courant janvier : plus léger sur la réforme de structures, il privilégiait un simple rapprochement sous la houlette d’un nouveau holding en cours de création, France International. »En fait, différents scénarii ont été étudiés, Nicole Bricq s’est battue, elle a réussi à imposer sa vision des choses », confie un proche du dossier.
En l’occurrence, la ministre aurait été d’autant plus déterminée sur ce dossier qu’elle est obsédée, selon cet interlocuteur, par le respect de son engagement sur « la simplification de la vie des entreprises », un engagement qui est aussi celui du Premier ministre et de son gouvernement dans le cadre du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi. « Elle veut aller jusqu’au bout de ces réformes » lâche notre interlocuteur. Cette simplification était une des recommandations essentielles du rapport Desponts/Bentéjac sur « l’efficacité du dispositif public d’appui à l’internationalisation de l’économie française », qui a servi de base à la stratégie de réformes de Nicole Bricq.
D’un point de vue politique, des résultats tangibles sur ce terrain permettront aussi de mieux défendre un bilan plus mitigé sur le déficit commercial, sur lequel la ministre et plus largement Bercy ont peu de prise. Enfin, Nicole Bricq, et plus largement Bercy, ont d’autant plus tenu ferme qu’il en allait de leur crédibilité dans le « match » qui les opposait au ministère des Affaires étrangères sur la question du leadership de la diplomatie économique.
Outre le rapprochement entre Ubifrance et CCI International -qui suit un cours moins turbulent car il ne touche pas aux structures- celui entre Ubifrance et Sopexa -pour lequel une étude juridique est en cours-, devrait être finalisé cet été : « il y aura une vraie mutualisation » parie notre interlocuteur.
Reste à savoir selon quelles modalités pratiques sera effectuée la fusion Ubifrance/Afii, deux établissements publiques dont les personnels ont chacun leurs statuts et leurs cultures spécifiques. En toute logique, les « marques » Ubifrance et Afii pourraient disparaître au profit de France International. Une seule chose est certaine : la future patronne de l’ensemble, Véronique Bédague-Hamilius, connaît d’ores et déjà une partie essentielle de sa feuille de route, réussir cette fusion.
Christine Gilguy