« Actuellement l’Europe c’est 84 % des exportations des entreprises françaises, c’est bien, mais il faut aller au-delà de l’Europe. Notre rôle est de les y aider. C’est aussi de contribuer à la stratégie internationale de tous les acteurs». Jean-François Gendron, président depuis juin 2013 de CCI international -l’organisation qui mutualise les moyens à l’international des CCI en France et des CCI françaises à l’étranger -, n’est pas homme à aborder la question du rapprochement avec Ubifrance avec un esprit polémique, même si comme tous ses pairs, l’annonce de l’ampleur des ponctions budgétaires sur le réseau des CCI l’a plutôt refroidi et l’inquiète pour l’avenir (Lire dans la LC cette semaine : « Coup de froid sur les perspectives de CCI international« ).
« Le passé ne m’intéresse pas beaucoup »
« Il y a eu des frictions, notamment entre Ubifrance et l’Uccife. Le passé ne m’intéresse pas beaucoup, ce qui m’intéresse, c’est qu’il y a une volonté d’Ubifrance et de CCI international de travailler intelligemment et de concert mieux qu’on ne l’a fait jusqu’à présent ». La coopération avec tous les acteurs de l’aide à l’export, sans faux semblants ni querelles de pouvoir, il la pratique depuis des années dans sa région, les Pays de la Loire, où il préside CCI international Pays de Loire en même temps que la CCI de Nantes saint Nazaire. Une région considérée comme un modèle du genre : le conseil régional délègue complètement à CCI international la mise en oeuvre des programmes et des aides à l’export qu’il finance, et celle-ci travaille en bonne entente avec les autres organismes que ce soit Ubifrance, les CCEF, les acteurs privés ou la toute jeune Bpifrance export.
En tant que chef d’entreprise, c’est un pragmatique, qui connaît les difficultés d’un déploiement au grand export pour une PME. Celle qu’il dirige, Sotec Medical, spécialisée dans le mobilier médical et qu’il a reprise il y a douze ans, ne réalise que 10 % à l’export d’un chiffre d’affaires qui atteint un peu moins de 13 millions d’euros. Mais c’est une part qu’il veut développer : il vient d’installer un VIE en Chine, où il a créé une petite joint-venture.
Une offre catalogue commune d’ici 2015
« Le gouvernement actuel, à la suite de ce qui avait été déjà fait avec la création de l’équipe de France de l’export, repart sur le concept de France international : les acteurs les plus importants que sont Ubifrance et CCI international ont été appelés à se rapprocher d’avantage dans ce cadre, rappelle-t-il. Nous avons commencé à travailler dès avant l’été avec Ubifrance sur ce sujet ». De part et d’autre, assure-t-il, la volonté est d’avancer. « Nous sommes complètement dans la logique de France international ».
Deux axes de travail sont plus particulièrement explorés par les deux organismes : le premier est la constitution de cette porte d’entrée unique du dispositif d’aide, « plus lisible » pour les entreprises à travers les projets de portail internet et de numéro vert validés par le Cimap (Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique). Le deuxième axe est de « donner plus de cohérence à l’offre de services des uns et des autres ». « Dans un pays donné, il faut que l’entreprise puisse comprendre les choix qui lui sont proposés entre les différents acteurs » résume Jean-François Gendron, qui tient à préciser que « tout cela va de pair avec l’Uccife, une des composante de CCI international ».
Dans le détail, Ubifrance et CCI international ambitionnent de mettre sur pied une offre catalogue commune d’ici 2015 sur le programme France Export : la réflexion va être lancé d’ici à la fin de l’année. Pour les prestations de services individuelles, les deux organismes travaillent à la fois à des offres segmentées et à des offres packagées intégrant les deux pour que les entreprises bénéficient d’un accompagnement de bout en bout. Enfin, sur les ETI, auxquelles Nicole Bricq s’est engagée à proposer un accompagnement personnalisé, s’appuyant sur les chargés d’affaires internationaux d’Ubifrance dans les Bpifrance régionales, il s’agit de travailler d’avantage « en symbiose »..
« Il faut qu’on parvienne à mettre au point une sorte de package par pays, qu’on ait besoin d’héberger un VIE ou d’un conseil »
Que pense-t-il de l’offre commune récemment montée par Ubifrance et Erai, l’agence rhônalpine de l’international, qui concurrence directement les services de domiciliation développées par les CCIFE et qui avait provoqué un tollé au sein de l’Uccife ?
« Ca repose le problème des maisons de l’international, avance Jean-François Gendron. Je pense que le monde est vaste et qu’il y a des acteurs qui sont excellents dans certains pays, moins bons dans d’autres. Erai est au départ une organisation régionale au service des entreprises de Rhône-Alpes et qui est allée au-delà. Ubifrance a signé avec Erai pour certains pays. Dont acte ».
Mais là encore, le nouveau président de CCI International se montre constructif : « Il faut qu’on puisse mesurer les endroits où plusieurs acteurs proposent des services similaires, incluant les CCIFE et des sociétés privées, et essayer de s’organiser pour que le plus fort devienne le chef de file. Car c’est vrai qu’avoir 4 ou 5 lieux de domiciliation possibles dans une ville comme Bangalore, ce n’est pas idéal. A Shanghai au contraire, la CCIFE dispose de 25 postes de travail occupés en permanence par des entreprises, mais Erai est aussi présent et on ne peut que se réjouir de ces capacités d’accueil dans une ville qui fait 25 millions d’habitants ! Il faut qu’on parvienne à mettre au point une sorte de package par pays, qu’on ait besoin d’héberger un VIE ou d’un conseil».
Une chose est sûre, la volonté y est. Mais « c’est plus facile à dire qu’à faire » reconnaît le président de CCI international…
Christine Gilguy