C’est une des propositions choc du rapport Desponts / Bentéjac, Nicole Bricq vient de dire qu’elle la ferait sienne, sans doute plus clairement qu’elle ne l’avait fait au moment de la publication de ce rapport : « Dans la complémentarité, je recommanderai de réunir CCI International et Ubifrance « , a lâché la ministre du Commerce extérieur le 8 juillet. Une réforme qui est tout aussi « choc » que celle de la fusion entre Ubifrance et l’AFII, plus largement commentée dans la presse, pour le microcosme du commerce extérieur. Et qui fera partie de ses propositions au prochain Comité interministériel de modernisation de l’action publique (Cimap) le 17 juillet prochain.
La ministre intervenait devant le public conquis des membres de Bretagne commerce international (BCI), l’association bretonne créée l’an dernier à partir – justement- de la fusion entre l’ancienne structure de la Région, Bretagne international, et CCI International en Bretagne. Et de préciser qu’elle en avait d’ores et déjà discuté avec Vianney de Chalus, l’actuel président de CCI International et Jean-François Gendron, le président de CCI Nantes Saint-Nazaire. Nicole Bricq était venue pour inaugurer la première édition du forum de l’Open de l’international initié par la Région Bretagne et BCI et assister à la signature du Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE).
A la Lettre confidentielle du Moci qui l’incitait à en dire plus lors de la conférence de presse qui a suivi, la ministre a confirmé qu’elle était favorable à ce rapprochement. Mais elle a aussi confié, en aparté, que le « travail interministériel est en cours », que « c’est compliqué », laissant ainsi entendre que les réformes sur lesquelles la ministre a pris clairement position suscitaient résistances et discussions. « Mais il faudra faire des propositions au Premier ministre », a-t-elle aussi indiqué. En d’autres termes, il faudra dégager des réformes claires et la ministre compte aller jusqu’au bout de cette feuille de route, convaincue qu’elle répond à un besoin des entreprises.
Nicole Bricq a déjà avancé en distinguant le court et le moyen terme, une approche graduelle qui confirme qu’elle a parfaitement conscience de marcher en terrain sensible et entend tenir son cap avec pragmatisme.
Pour le court terme, les mesures les plus faciles à mettre en œuvre sans vraiment toucher aux structures : « Le portail Internet, le réseau social, on va les faire, il faut que je trouve des financements, mais on va les faire. Les maisons de l’international, on va les faire. La marque France on va la faire », a t-elle affirmé avec conviction à la LC.
« Ensuite, il faudra fédérer ». Ce sera pour le moyen terme. Avec la perspective de réformes de structures plus radicales, comme le rapprochement d’Ubifrance et de CCI International, la fusion d’Ubifrance avec l’AFII, le regroupement de dispositifs plus sectoriels -dans l’agroalimentaire notamment- pointés par le rapport Desponts / Bentéjac, selon un modèle qu’elle ne définit pas encore avec précision.
Le rapport Desponts / Bentéjac propose sur ce sujet une super agence « France international », sous la forme d’une SA ou d’une SAS, dont le capital et la gouvernance seraient ouverts aux principaux acteurs. Sur l’idée, la ministre est d’accord, même si elle reste encore indécise -ou discrète- sur la forme. « Cela ne s’appellera peut être pas France international, mais je pense que c’est bien d’avoir cet objectif en tête dès maintenant ».
Le lendemain 9 juillet, lors de la matinée « Avec vous à
l’international ! »; qui rassemblait 200 chefs d’entreprises à Bercy,
Nicole Bricq a réitéré sa volonté de « fédérer » sous une bannière unique,
qui pourrait être « France International », les « partenaires qui sont Ubifrance, la BPI, CCI International, les Régions, les opérateurs de l’agroalimentaire… ».
Christine Gilguy