Le flou demeure sur les
véritables intentions de Varsovie en matière d’exploitation du gaz de schiste.
D’après l’Agence gouvernementale américaine d’information sur l’énergie (EIA),
la Pologne possède 5300 milliards de m3 de gaz de schiste,
soit près de 400 ans de sa consommation annuelle et près d’un tiers des
réserves en Europe, où elle occuperait le premier rang devant la France et la Norvège. Parfois
présenté comme le Koweït du gaz de schiste du continent, ce pays d’Europe
centrale et l’Ukraine devraient devenir les premiers producteurs de cette
ressource propre à l’horizon 2035, d’après le cabinet T. Kearney.
Un scénario qui paraît optimiste
aujourd’hui. « Le sujet est très sensible en ce moment, explique
Jean-Michel Kaléta, directeur général de Sita Polska, filiale polonaise du
spécialiste du traitement des déchets Sita (Suez Environnement). Le
gouvernement met en avant sa volonté d’assurer l’indépendance énergétique de la
nation, mais les résistances sont vives, notamment dans le nord, dans la région
de Gdansk, et dans le sud-sud-est de Varsovie ».
La Pologne
consomme 14 % de son énergie sous forme de gaz. Or, elle en importe près des
deux tiers de Russie (9,2 milliards de m3 par an), ce qui la rend
très dépendante de ce voisin d’Europe orientale avec lequel ses relations sont compliquées. « Après que l’État ait
attribué 112 concessions à 19 groupes du Canada, des États-Unis ou de Pologne,
les premières explorations n’ont rien donné, constate Jean-Michel Kaléta. De
fait, elles n’ont pas permis d’évaluer les réserves réelles et aucune d’entre
elles n’a, d’ailleurs, débouché sur une phase d’exploitation ». Deux
compagnies, Marathon Oil et Talisman Energy, ont même décidé de se retirer.
« On s’interroge aujourd’hui
à Varsovie sur le coût et la rentabilité à long terme et sur la volonté du
gouvernement de subventionner la filière », commente Jean-Michel Kaléta. D’après le cabinet T.Kearney, comme les coûts de production
dépassent les prix du gaz sur le marché, le gaz de schiste ne sera pas rentable
avant 2017-2018.
De notre envoyé spécial en Pologne
François Pargny