L’annonce d’un accord de libre échange entre la Suisse et la Chine est certes un pied de nez adressé par Pékin à Bruxelles, en pleine crise commerciale, mais c’est aussi une bonne affaire pour la Suisse, qui, à l’heure où l’UE développe des projets d’accords de libre échange tous azimuts, veut à la fois être une place financière pour les fonds chinois et un partenaire commercial de choix sur le continent européen.
Classée 19ème fournisseur de la Chine en 2012 (juste derrière la France), la Suisse génère avec l’Empire du Milieux un confortable excédent commercial -+5,4 milliards d’euros en 2012 en incluant Hong-Kong sur un excédent total de 22 milliards-, son deuxième excédent mondial derrière les
Etats-Unis.
Malgré les à-coups de la conjoncture, leurs échanges se portent bien selon les statistiques officielles compilées par la base de données Global Trade Navigator de GTIS : avec des taux de progression annuels supérieurs à 20 %, ils sont passés de 9,8 milliards à 15 milliards d’euros en trois ans de sorte que la Chine est devenue le cinquième partenaire commerciale de la Suisse, juste derrière la France.
Bien qu’affectés par un ralentissement de la demande, les exportations suisses vers la Chine ont dépassé les 13 milliards d’euros l’an dernier (Chine + Hong Kong), avec en tête l’horlogerie et les pierres et métaux précieux, les biens d’équipement et les produits pharmaceutiques. Un débouché précieux pour compenser l’atonie ou le recul de la demande enregistrés sur la plupart de ses marchés traditionnels européens qui commencent à peser sur ces secteurs.
Pékin a, en l’occurrence, accepté une réduction de 60 % des
droits de douane sur les montres helvétiques dans le cadre de cet accord. Or, l’horlogerie est le
deuxième poste d’exportation de la Suisse vers la Chine et son premier
excédent (3,3 milliards d’euros en 2012). En incluant Hong Kong, la Chine est devenu le premier débouché mondial de l’horlogerie suisse avec près de 5 milliards d’euros en 2012, près de 30 % des exportations horlogères totales. Vues de Chine, les importations d’horlogerie suisse, après une progression modeste l’an dernier, sont sur un rythme de progression de quelque
69,11 % sur les quatre premiers mois de l’année !
Rappelons que le Premier ministre chinois Li Keqiang et le président de la Confédération helvétique Ueli Maurer ont signé, le 25 mai à Berne, un mémorandum d’entente sur la
fin de négociations pour un accord de libre-échange entre les deux
pays entamées il y a trois ans… Les deux parties ont par ailleurs
annoncé l’établissement d’un mécanisme de dialogue financier. La signature de l’accord final pourrait intervenir dès le mois de juillet. Ce sera le premier ALE entre la Chine et un
pays du continent européen, sachant que la Suisse a, par ailleurs, un vieil accord de libre échange avec l’UE.
C.G