Rien de mieux qu’un sondage réalisé par un institut
indépendant pour se rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics. Selon les
résultats de celui commandité par l’OSCI – association qui regroupe les « privés » de l’accompagnement des entreprises à
l’international – à l’Ifop, rendus publics la veille de la présentation par
Nicole Bricq du bilan 2012 du commerce extérieur, les PME et TPE françaises sont une minorité à
apprécier le système français de soutien à l’export, public privé
confondus : seulement 39 % le qualifient d’efficace, 36 % le trouvent bien
articulé entre public et privé, 34 % le trouvent compréhensible et 33 % adapté
au contexte actuel.
« Malgré les moyens considérables qui ont été investis pour
restructurer le dispositif ces dernières années, le jugement des entreprises
est extrêmement sévère »
Un regard pour le moins « mitigé » sur le système
en question, qui pêche par « son manque de clarté », selon l’Ifop.
« Ce qui ébranle, c’est que malgré les moyens considérables qui ont été
investis pour restructurer le dispositif ces dernières années, le jugement des
entreprises est extrêmement sévère » commente Gilles Rémy, le président de
l’OSCI. Les consultants privés et sociétés de commerce international peuvent
d’ailleurs s’inquiéter car eux aussi ont un déficit de notoriété : 66 % des
interrogés disent mal connaître leur offre. Un bémol positif : dans le détail, on
constate que les jugements des sondés sont plus cléments lorsqu’ils sont dans
le secteur de l’industrie et du BTP et lorsque leur entreprise fait plus de 50
%.
Ce sondage a été effectué par téléphone entre le 14 et le 17
janvier auprès d’un échantillon de 401 PME et TPE (moins de 250 salariés). Le détail
des résultats sont présenté dans le fichier pdf joint à cet article.
Ce déficit de lisibilité du dispositif qui touche tout
autant les organismes publics que les sociétés du privé (dont seuls 31 % des
sondés connaissent l’offre) s’accompagne d’un déficit d’utilisation. C’est
l’autre grand enseignement de ce sondage : au total, près de 78 % des
sondés disent se développer à l’international sans aide extérieure, 55 %
préférant utiliser leurs fonds propres, 19 % déclarant de pas avoir les moyens
et 13 % s’avouant mal informés. Ce qui réduit à 22 % le pourcentage de ceux qui
y ont recours (6 % à un organisme public, 8 % à un organisme privé et 8 % aux
deux catégories).
Pourtant, et
paradoxalement, lorsqu’elles y ont recours, elles en sont satisfaites à 82
% ! Là encore, les entreprises de l’industrie et du BTP comme celles qui
sont déjà à l’export sont plus positives avec respectivement 30 % et 33 % qui
déclarent avoir recours au système.
58 % favorables à un vrai « guichet unique » des soutiens à l’export
« Nous ne sommes pas surpris » commente Gilles Rémy, rappelant que son organisation
réclame de longue date une simplification du système et une coopération plus
étroite en secteur public et secteur privé mais « que depuis 10-15 ans, on
créé de nouvelles organisations sans tenir compte de l’écosystème
existant ». Or, pour lui, les sociétés privées d’accompagnement ont leur
rôle à jouer dans l’effort d’internationalisation des entreprises, d’autant
plus que leurs prestations sont appréciées (cf voir les autres résultats marquants du sondage dans Aides à l’export (2)), déplorant que
les organismes publics ne jouent pas suffisamment le jeu de la coopération avec
les privés, notamment à l’étranger.
Selon le président de l’OSCI, les sociétés de conseil
privées ont déjà perdu des pans entiers de leurs activités au profit des CCI ou
d’Ubifrance, à l’instar des diagnostics export ou des études de marché.
« Nous nous sommes repliés sur les activités de terrain mais si Ubifrance
commence à dire qu’elle accompagne les entreprises dans la durée et sur le
terrain, cela suscite de l’inquiétude chez nos adhérents » explique le
président de l’OSCI. Et de faire sienne une des idées que défendait Jean-Claude
Volot, l’ancien Commissaire à l’internationalisation des entreprises, qui était
pour favoriser l’émergence d’une « force de frappe privée » pour
accompagner l’internationalisation des entreprises.
Pour l’heure, le principal message est l’amélioration
urgente de la clarté du dispositif de soutien global. «Nous avons intérêt
à un dispositif plus lisible » martèle le président de l’OSCI. Il en veut
pour preuve le résultat du sondage sur l’idée d’un vrai « guichet
unique » au plan national et régional ce qui, pour l’OSCI, signifie
« un lieu où soit proposée toute la gamme des soutiens, incluant les
privés » : 58 % des sondés y sont favorables. Une demande qui fait
décidément l’unanimité dans les milieux d’affaires !*.
Christine
Gilguy
*Voir l’interview de Frédéric Sanchez (Medef) : cliquez ici
**Voir l’article : Marque France ou le challenge de
réconcilier la baguette et la high tech : cliquez ici