Ils devaient s’entendre au moins sur le nom du successeur de Catherine Ashton. Les négociations se sont soldées par un échec.
Peu avant 1 heure du matin, ce jeudi 17 juillet, les 28 ont annoncé qu’ils se retrouveraient le 30 août prochain pour décider de la composition du futur organigramme institutionnel de l’UE.
Federica Mogherini, actuelle ministre italienne des Affaires étrangères, qui faisait pourtant figure de favorite dans la course pour prendre la tête de la diplomatie européenne, a été rejeté par les Pays baltes et la Pologne. Critiquée pour son manque d’expérience, la candidate de 41 ans, propulsée par Mateo Renzi, a surtout été jugée trop amicale vis-à-vis de Moscou.
Cette valse de nominations ne dépend pas, ou très peu, de la personnalité de ceux qui composeront le futur organigramme institutionnel de l’UE. D’où la difficulté de trouver un accord à 28. L’objectif est en fait de s’entendre sur un paquet global de noms qui respectent des grands équilibres difficilement conciliables.
Équilibre entre la droite et la gauche d’abord. Le Parti populaire européen (PPE) ayant obtenu le poste de Président de la Commission à Bruxelles après l’élection de Jean-Claude Juncker mardi 15 juillet, les socio-démocrates réclament maintenant leur part du gâteau. Outre la succession de Catherine Ashton ou de Herman Van Rompuy, ils espèrent obtenir le poste de Commissaire aux affaires économiques et monétaires au sein du futur
exécutif européen.
Autre équilibre à prendre en compte dans ce marchandage global : la juste représentation entre États membres du nord et du sud mais aussi de l’ouest et de l’est de l’Union. Trop peu représentés aux hautes fonctions de l’UE, les pays d’Europe orientale espèrent cette fois décrocher un poste stratégique.
Le casse-tête de la parité complique enfin l’équation. Jusqu’ici, les Commissaires proposés par les États membres sont tous des hommes. Jean-Claude Juncker a indiqué qu’il voulait au moins 10 femmes sur 28 dans sa future équipe au sein de l’exécutif européen.
Nouvelles sanctions contre Moscou
A défaut de s’entendre sur des noms à l’issue de ce mini-sommet, les 28 ont adopté, à l’unanimité – de nouvelles sanctions contre la Russie.
Les programmes menés dans le pays par la Banque européenne d’Investissement (BEI) et par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) seront gelés. Les mesures cibleront aussi des entités – et non plus seulement des personnalités comme c’était le cas jusqu’à aujourd’hui – accusés de soutenir matériellement et financièrement les actions sapant l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Enfin, les dirigeants de l’UE ont décidé de geler l’embargo imposé sur les exportations, vers l’Ukraine, d’équipements de protection sécuritaires comme les casques et les gilets pare-balles.
Si ces mesures témoignent d’un durcissement du ton vis-à-vis de Moscou, elles restent bien en deçà des attentes de certains États membres, comme la Pologne ou les pays baltes. Partisans, depuis le début de la crise, d’une ligne plus dure à l’égard de la Russie, ils auraient souhaité que l’UE passe à la phase trois des mesures et s’alignent ainsi sur la position américaine.
Hier Washington a en effet décidé d’étoffer ses sanctions en prenant pour cible principale Rosneft, le géant russe des hydrocarbures. La nouvelle série de sanctions vise également la banque du géant gazier russe Gazprom, Gazprombank, ainsi que les autorités séparatistes de Donetsk et de Lougansk, qui tentent de faire sécession dans l’est de l’Ukraine.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles