La Coupe du monde de 2014 et les Jeux olympiques d’été de 2016 n’auront pas de véritables retombées positives sur l’économie brésilienne : c’est ce que révèle Euler Hermes, le spécialiste de l’assurance-crédit, dans ses dernières prévisions économiques parues le 12 juin, en plein lancement du Mundial.
Euler Hermes signale même que ces deux grands événements vont créer davantage d’inflation que de croissance au Brésil, ce qui éclaire sous un nouveau jour les tensions sociales qui prévalent dans le pays depuis l’an dernier. « L’insuffisance de l’infrastructure, le sous-investissement chronique, le protectionnisme, le poids de la fiscalité et la complexité du climat des affaires empêcheront le Brésil de tirer pleinement parti du supplément d’activité économique que ces événements généreront », selon Euler Hermes.
La société d’assurance-crédit table sur une faible croissance du PIB brésilien qui s’élèverait à + 1,8 % cette année et à + 2,1 % en 2015, bien en dessous du rythme enregistré pendant la période d’avant-crise (+ 5 % par an). Les contributions de ces deux événements au PIB du pays se situeront entre + 0,15 et + 0,2 point de pourcentage.
Par ailleurs, combinés, les deux événements devraient majorer de 2,5 % l’augmentation des prix à la consommation sur l’ensemble de la période 2009-2016. L’impact sur l’activité économique devrait s’atténuer progressivement après 2014. Mais les effets sur les prix à la consommation pourraient se maintenir jusqu’en 2020. Le taux d’inflation est estimé par Euler Hermes à 6,3 % en 2014 et pour 2015 à 6,1 %.
De plus, les dépenses associées à ces événements n’auront qu’un impact limité sur la croissance du PIB. Le montant total des investissements en infrastructure pour la Coupe du monde pourrait atteindre 26 milliards de réals brésiliens soit 0,5 % du PIB entre 2009 et 2014. Quant aux dépenses pour les Jeux olympiques, elles sont évaluées à 12 milliards de réals brésiliens (0,2 % du PIB) entre 2010 et 2016. Sur la période 2009-2013, Euler Hermes estime que ces sommes injectées dans l’économie n’ont majoré la croissance réelle de l’investissement que de 0,5 / 0,8 point de pourcentage en moyenne par an, et celle du PIB de 0,1 / 0,15 point de pourcentage par ,an seulement. L’impact devrait progressivement s’estomper après 2014.
Hausse des défaillances d’entreprises
Dans ce contexte, les défaillances d’entreprises au Brésil n’ont cessé d’augmenter depuis 2011 sous l’effet d’un ralentissement économique plus marqué que prévu. La tendance devrait se poursuivre en raison d’un affaiblissement de la demande intérieure, d’un durcissement de la politique monétaire et d’une hausse des taux d’intérêt bancaires. Euler Hermes prévoit pour 2014 un accroissement de + 9 % des défaillances, et de 3 % en 2015, malgré un surcroît d’activité liée aux infrastructures.
Bien que ces prévisions mettent en lumière les faiblesses intrinsèques de l’économie brésilienne, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Le rapport annonce que l’organisation des hyper-événements ne provoquera pas de bulle immobilière au Brésil.
« Compte tenu de l’amplification de l’agitation sociale à cause de l’accélération de l’inflation, il ne serait pas surprenant que le calendrier sportif influence le calendrier politique au cours des élections présidentielles d’octobre, estime Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. En fin de compte, des réformes structurelles en profondeur pourraient être le véritable hyper-événement de l’économie brésilienne. »
V. A.