Quelque 300 entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont assisté le 3 juin, à Paris, à la présentation des résultats de l’enquête inédite de Bpifrance consacrée aux ETI, et au lancement de son plan « Ambition ETI 2020 ».
« Les ETI sont au cœur du projet Bpifrance », a indiqué d’emblée Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. La banque publique d’investissement a présenté sa politique en faveur des ETI et pas seulement des PME. « Tous les produits Bpifrance sont accessibles aux ETI, a indiqué Nicolas Dufourcq. On a décidé d’ouvrir l’éventail des possibilités ».
Dévoilant le plan « Ambition ETI 2020 » de la banque publique, le dirigeant a affirmé sa volonté de doubler à horizon 2020 le montant de crédit octroyé de 2,5 milliards à 5 milliards d’euros. L’institution prévoit également d’investir 3 milliards d’euros en fonds propres à travers le « Fonds ETI 2020 ». Ce fonds d’investissement est capable d’accompagner les ETI dans la durée (sur 99 ans !) pour leur permettre d’accélérer leur développement, de renforcer leurs capacités d’innovation et d’accroître leur positionnement à l’international.
4 794 ETI en France, dont 1 248 à capitaux étrangers
Sont considérées ETI les entreprises qui ont entre 250 et 4 999 salariés et dont le chiffre d’affaires est compris entre 50 millions d’euros et 1,5 milliard d’euros. Au total, 4 794 ETI ont été recensées par l’Insee en France. Parmi elles, 1 248 sont à capitaux étrangers.
Les ETI en France ne sont pas assez grandes, pas assez nombreuses, elles sont trois plus nombreuses en Allemagne, un refrain qui revient souvent lorsqu’on évoque les ETI françaises. L’enquête publiée par Bpifrance confirme malheureusement ce diagnostic. « Une ETI sur deux n’innove pas », a souligné Nicolas Dufourcq. Et d’ajouter : « seulement 14 % du chiffre d’affaires des ETI françaises est réalisé à l’export, c’est trop faible ! », a-t-il déploré rappelant que Bpifrance veut financer les implantations de filiales à l’étranger des ETI.
Cinq profils type, des « optimistes » aux « routinières à l’heure du choix »
L’étude de Bpifrance a été menée auprès de 635 ETI représentatives. Elle a permis la distinction de 5 profils types d’entreprise :
– Les « Hexagonales optimistes » : elles représentent 20 % des ETI interrogées. Ce sont des ETI qui connaissent un développement intensif sur leur marché domestique. Il s’agit d’entreprises très peu internationalisées, 95 % d’entre elles vendent leur production en France, 11 % possèdent des filiales dans l’Union européenne (UE) depuis 5 ans et 9 % hors de l’UE. Ces entreprises investissent moins de 2 % de leur chiffre d’affaires dans la R&D.
– Les « résistantes en sursaut » : elles représentent 24 % de l’échantillon, elles sont majoritairement des entreprises industrielles. Elles n’ont pas enregistré de croissance de leur chiffre d’affaires ces trois dernières années et ont connu et connaissent des difficultés. Les « résistantes en sursaut » sont souvent des sous-traitants pour de grands donneurs d’ordre et regroupent une population d’entreprises majoritairement BtoB. Leur croissance est tirée par l’innovation, 95 % d’entre elles ont lancé de nouveaux produits depuis 2010.
– Les « leaders mondialisés » : (18 % de l’échantillon) la croissance de leur chiffre d’affaires est supérieure à 5 % par an sur les trois prochaines années. Elles vont chercher cette croissance hors de l’Europe en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. Leur principal levier de développement est l’internationalisation. Ainsi, 89 % des « leaders mondialisés » estiment qu’être une ETI implique de consacrer plus de moyens pour se développer à l’international. Les leaders mondialisés sont à 70 % dans l’industrie manufacturière.
– Les « serial innovantes » : (13 % du panel) sont des entreprises dont le moteur principal est l’innovation. Pour 63 % d’entre elles, leur potentiel vient de brevets d’innovation en cours et pour 85 % de nouveaux produits à mettre sur le marché.
S’agissant de leur développement, les « serial innovantes » sont au seuil d’un processus d’internationalisation : 80 % d’entre elles estiment que le passage à l’ETI implique de consacrer davantage de moyen pour se développer à l’international.
– Les « routinières à l’heure du choix » : (24 % des ETI interrogées) elles sont majoritairement des entreprises de commerce et de négoce. Elles obtiennent des résultats honorables en termes de croissance de leur chiffre d’affaires et de préservation des marges mais ne mobilisent pas les leviers de l’internationalisation ou de l’innovation pour se développer. Seules 35 % estiment qu’une ETI doit s’internationaliser et un cinquième d’entre elles considèrent qu’une ETI doit investir plus dans la R&D.
Au total, 93 ETI championnes de la croissance se distinguent parmi les 635 entreprises sondées. Près des deux tiers se trouvent parmi les « leaders mondialisés » et les « serial innovantes ». De manière globale, 15 % des ETI de l’échantillon peuvent être qualifiées de championne dans leur secteur. Un constat relativement positif. Reste désormais à Bpifrance de les accompagner dans le financement de leurs projets d’innovation ou d’export.
Venice Affre