Très attendue depuis sa nomination en avril -et au rattachement, pour la première fois, du Commerce extérieur au ministère des Affaires étrangère et du développement international (MAEDI)-, la première intervention publique de Fleur Pellerin, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur a eu lieu à l’occasion de la présentation du bilan 2013 d’Ubifrance. Elle s’est tenue le 3 juin au MAEDI, lors d’une conférence à laquelle la presse était conviée. Bien que le lieu et l’événement choisis aient une portée symbolique non négligeable, cette intervention aura sans doute rassuré ceux qui craignaient une remise à plat des grands orientations qui avaient été posées sous l’ancien gouvernement de Jean-Marc Ayrault par son prédécesseur Nicole Bricq.
D’abord, les axes stratégiques d’Ubifrance ont été réaffirmés alors que le bilan de l’agence, présenté par son président Jean-Paul Bacquet et commenté brièvement par sa nouvelle directrice générale, Muriel Pénicaud, a été salué par la secrétaire d’Etat. De même, elle s’est inscrite dans la continuité du Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi de 2012. Reprenant à son compte le diagnostic et les priorités fixés par ce Pacte, Fleur Pellerin a ainsi rappelé l’objectif premier de l’action de son ministère : augmenter le nombre d’entreprises qui exportent dans la durée -120 000 actuellement- pour endiguer un déficit commercial hors énergie évalué à 13,5 milliards d’euros en 2013.
Un bilan flatteur pour Ubifrance
Les chiffres du bilan d’Ubifrance détaillé par Jean-Paul Bacquet sont plutôt flatteurs pour Ubifrance, qui estime avoir «honoré le contrat qui la lie à l’Etat sur la période 2012-2014, tout en apportant sa contribution au Pacte de compétitivité ». 7 600 PME et ETI différentes accompagnées sur l’année en France et à l’étranger, par ses agents, avec près de 11 000 prestations délivrées dans le cadre d’opérations collectives et 5 400 accompagnements individuels.
Par ailleurs, alors que le Pacte de croissance lui fixait pour objectifs spécifiques, à l’horizon 2015, d’assurer un accompagnement personnalisé à 1 000 PME et ETI de croissance et d’atteindre les 9 000 VIE en poste, Ubifrance estime avoir pris de l’avance pour les atteindre : 446 PME et ETI faisaient l’objet d’un accompagnement personnalisé à l’international à fin avril 2014 –grâce aux 26 chargés d’affaires internationaux (CAI) déjà placés dans les directions régionales de Bpifrance- tandis que la barre des 8 000 VIE en poste avait été franchie fin décembre 2013, 600 de plus que fin 2012.
Rôle central pour la future agence, mais poursuite des coopérations et des rapprochements
« Les entreprises ont besoin qu’on les accompagne, elles ont besoin d’un réducteur d’incertitudes », a plaidé Fleur Pellerin. D’où l’importance, à ses yeux, de l’opérateur Ubifrance, dont le rôle doit être d’« apporter un support utile aux entreprises » à travers d’une part l’accompagnement sur des salons pour obtenir des « contacts
qualifiés » et d’autre part l’offre d’un accompagnement « sur mesure » à 1 000 entreprises de croissance, comme fixé par le Pacte.
Pour autant, le mot d’ordre est à la poursuite des coopérations et des rapprochements entre les différents acteurs du dispositif de soutien à l’internationalisation de l’économie. Muriel Pénicaud, qui doit plancher sur le nouveau plan stratégique, l’a d’ailleurs bien intégré : « On ne réussira que si on travaille en équipe, on va continuer cette logique de partenariat », a-t-elle affirmé, citant notamment, comme partenaires, Bpifrance, mais aussi les Régions, les chambres de commerce et d’industrie (CCI).
La fusion annoncée d’Ubifrance avec l’Afii, l’Agence française pour les investissements internationaux, fait partie des réformes qui seront donc poursuivies et qui sont dans les priorités de la nouvelle directrice générale.
A ce sujet, la secrétaire d’Etat a donné un objectif ambitieux et central à la nouvelle structure : « La fusion entre ces deux agences doit faire du futur établissement public le bras armé de l’Etat au service de l’attractivité de nos territoires et de l’internationalisation des entreprises, à la hauteur du relais de croissance et d’emplois dont notre pays a besoin. Je sais pouvoir compter sur le Président, la Directrice générale d’Ubifrance et l’ensemble des salariés pour relever ces défis. Ils seront le fer de lance de notre « équipe de France » à l’export, dont nos entreprises ont plus que jamais besoin ».
Seront de même poursuivis les rapprochements avec Sopexa, ou les CCI : « Notre équipe de France à l’export souffrait d’illisibilité », a rappelé Fleur Pellerin, « on va essayer que tous ses acteurs travaillent ensemble maintenant que tout est réuni ici », au MAEDI.
Côté priorités sectorielles, les quatre « familles de produits » qui avaient été portées par Nicole Bricq et qui visaient à faciliter une structuration de l’offre française à l’international ont été réaffirmées : « mieux se nourrir », « mieux se soigner », « mieux communiquer, « mieux vivre en ville ». Fleur Pellerin a toutefois annoncé qu’elle en ajouterait deux : une sur l’expertise française en matière de tourisme et l’autre sur les industries culturelles, du design aux jeux vidéo en passant par l’industrie du spectacle ou de l’audiovisuel.
Christine Gilguy