L’Agence française de développement (AFD), bras financier du gouvernement pour l’aide au développement, a réalisé en 2013 une nouvelle croissance de ses activités avec 7,8 milliards d’euros d’engagements (dont l’essentiel sous la forme de prêts), soit une progression de 8 % par rapport à 2012, a annoncé l’Agence le 26 mai.
L’an dernier, l’AFD a accordé 676 nouveaux financements de projets de développement pour un montant total de 7,5 milliards d’euros.
Afrique subsaharienne : 2,78 milliards pour l’accès à l’éducation, les villes durables et désenclaver les territoires
Les pays d’Afrique situés au sud du Sahara ont demeuré la priorité de l’Agence. Dans cette région, les financements accordés en 2013 ont atteint un volume record de près de 2,8 milliards d’euros via 369 financements, soit plus de la moitié du total de financements.
L’établissement public a concentré ses financements et ses activités pour contribuer à renforcer le capital humain du continent par l’appui à l’éducation de base et secondaire, la formation professionnelle, la protection sociale ou la couverture sanitaire universelle.
Les prêts servent aussi à désenclaver les territoires. Ainsi, les financements en prêts vont contribuer au développement des infrastructures aéroportuaires du Mozambique et de l’Éthiopie. Dans ce pays, un prêt de 50 millions d’euros de l’AFD pour le financement du terminal fret d’Ethiopian Airlines sur l’aéroport international Bole d’Addis Abeba permettra d’augmenter significativement les capacités de stockage et de gestion du fret, et l’accueil des avions cargo de la compagnie.
Les contributions de l’AFD ont également visé à promouvoir l’agriculture familiale – les agricultures africaines doivent augmenter leur productivité pour faire face au défi alimentaire du continent – et à investir dans le secteur privé, principal créateur d’emplois.
En Méditerranée et au Moyen-Orient, l’AFD met l’accent sur la réponse aux attentes sociales
Les financements à destination de la Méditerranée ont enregistré l’an passé un léger fléchissement, totalisant 796 millions d’euros à travers 57 financements. En Méditerranée et au Moyen-Orient, les interventions s’inscrivent dans une logique d’intégration euro méditerranéenne. Elles visent la création d’emplois et l’aménagement du territoire. Les financements sont prioritairement des prêts.
En Turquie, l’institution financière a octroyé une ligne de crédit de 100 millions d’euros à la banque turque Ziraat Bankasi pour contribuer au financement d’investissements des PME de transformation agroalimentaires dans le cadre de leur mise aux normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales, en conformité avec la réglementation européenne.
Au Maroc, un prêt de 50 millions d’euros et une subvention de 500 000 euros ont été accordés à l’opérateur public d’aménagement et de promotion immobilière sociale Holding Al Omrane (HAO) dans le cadre du programme d’investissement 2013-2016, pour contribuer à la création d’une offre de logements adaptée aux besoins des familles démunies et à revenus modérés, en zones rurales et urbaines.
En Égypte pour soutenir l’emploi et l’amélioration des conditions de vie, l’AFD a financé à hauteur de 80 millions d’euros (prêt souverain) et de 15 millions d’euros (subvention de l’Union européenne) par la Facilité d’investissement pour le voisinage (FIV) un projet dédié à la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations à revenus modestes.Asie : l’AFD se penche sur les problématiques climatique et urbaine
En Asie, l’institution financière a accordé 1,19 milliard d’euros, à travers 48 financements, pour financer le « plan climat » au Vietnam, le programme d’investissement indonésien dédié aux infrastructures de transport ou encore le programme philippin en faveur des collectivités locales. L’AFD a prolongé ces actions via des projets dans le secteur de l’énergie, pour tenter de faire évoluer des modèles économiques aujourd’hui très émissifs car axés sur la consommation de charbon.
Au Bangladesh et en Inde, l’AFD a axé son action sur les villes pour les aider à faire face aux enjeux de mobilité (métro de Kochi au sud-est de l’Inde), de fourniture de services publics (réseaux d’eau et d’assainissement à Dacca et Colombo au Bangladesh) etc.
Amérique latine et Caraïbes : promouvoir une croissance verte et solidaire auprès des États, collectivités locales et entreprises publiques
En 2013, l’AFD a octroyé 1,17 milliard d’euros de financements dans la région Amérique latine – Caraïbes à travers 45 financements.
Au Brésil, l’Agence a renforcé son soutien au développement de la mobilité urbaine en approuvant un prêt de 300 millions d’euros à l’État de São Paulo pour le financement de la ligne 13 de la Compagnie de trains métropolitains (CPTM-Companhia Paulista de Trens Metropolitanos). La Banque de développement du Minas Gerais (BDMG) bénéficie, par ailleurs, d’un prêt de 50 millions d’euros destiné aux projets municipaux de développement durable.
En Colombie, l’établissement public accompagne, à travers un prêt de 52 millions d’euros, la ville de Barranquilla dans la réalisation de son plan de développement pour la réduction des inégalités sociales et la compétitivité économique.
Au Mexique, l’AFD promeut le développement de pratiques agricoles adaptées au changement climatique par un prêt de 37 millions d’euros à l’institution financière publique Fideicomisos Instituidos con Relación a la Agricultura (FIRA).
L’AFD s’est dotée d’un plan d’actions pour les Caraïbes, adapté aux enjeux spécifiques des petits États insulaires en développement. Suite à une consultation internationale, le marché de conception-réalisation du nouvel hôpital de l’université d’État d’Haïti a été signé en août. Ce projet, d’un montant total de 83 millions de dollars, est financé par la France à travers une subvention de 20 millions d’euros, aux côtés de l’USAID américaine et du gouvernement haïtien.
Outre-mer : priorité à la protection de l’environnement marin
Dans les territoires d’Outre-mer, l’institution a accordé 1,5 milliard d’euros de financements dont 60 % en faveur des acteurs du secteur privé et 40 % en faveur de la sphère publique. L’activité de l’Agence en faveur du secteur privé atteint 862 millions d’euros dont 40 % en représentation de Bpifrance. S’agissant du secteur public, l’Agence a augmenté de 50 % ses engagements qui atteignent 642 millions d’euros.
Afin de remédier aux difficultés de financement rencontrées par les investisseurs ultramarins, l’AFD a conforté en 2013 sa capacité d’intervention. La protection d’un environnement ultramarin fragile constitue une priorité et trouve des points d’accroche naturels dans les secteurs des aires protégées, de l’eau et l’assainissement, et des déchets.
Dans ces territoires, l’établissement conseille et finance les acteurs publics en matière d’adduction d’eau, d’assainissement, den traitement de déchets ou encore de moyens de transports collectifs. Elle apporte des ressources aux entreprises du secteur des énergies renouvelables et participe aux réflexions sur la mise en place d’un fonds pour la biodiversité ultramarine européenne.
« (…) la mondialisation a sorti des centaines de millions de personnes de la grande pauvreté, elle a aussi aggravé les déséquilibres et tensions de toutes natures. L’AFD, pour moi, est un instrument privilégié de la France pour agir sur ces déséquilibres : dans les pays les plus pauvres d’Afrique et d’Asie, nous luttons contre la pauvreté ; dans les émergents, nous sommes davantage focalisés sur la lutte contre le changement climatique. Mais le cœur de notre mission reste bien le même : favoriser un développement durable d’un point de vue économique, social et environnemental, ceci dans l’intérêt mutuel des pays du Sud et du Nord », a déclaré Anne Paugam, directrice générale de l’AFD lors de la présentation, à Paris, du bilan 2013 de l’Agence.