L’économie malaisienne demeure fortement tournée vers l’extérieur, le commerce des marchandises et des services représentant 162,4 % du produit intérieur brut (PIB) ! C’est ce que constate l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans son sixième examen de la politique et des pratiques commerciales de la Malaisie qui a lieu les 3 et 5 mars 2014.
De même source, bien que les exportations de la Malaisie soient relativement bien diversifiées, elles restent dépendante de la demande externe notamment de l’Asie-Pacifique (Singapour, Chine, Japon). La part des produits de base (ex : huile de palme, pétrole) dans le total des échanges a augmenté, mais les produits manufacturés, comme les biens électriques et électroniques ou composants électroniques, restent les principaux produits échangés.
Malgré une importante contraction, les soldes de la balance commerciale et de la balance des opérations courantes restent excédentaires.
Une croissance plus modeste mais plus durable
L’économie malaisienne s’est redressée rapidement après la contraction enregistrée en 2009, lors de la crise financière, et a affiché des taux de croissance plus durables et plus modestes. Durant cette période post-crise ce sont les services nationaux et non la fabrication de produits manufacturés destinés à l’exportation qui ont tiré la croissance économique.
La demande intérieure robuste a compensé la faiblesse de la demande extérieure et a alimenté la croissance, qui a atteint un taux annuel moyen de 4,1 % entre 2009 et 2012. A noter que Coface estimait la croissance du PIB malaisien à 4,5 % en 2013.
Le taux d’inflation est retombé en 2012 à un niveau inférieur à celui de 2010, pour atteindre 1,7 %, soit l’un des taux les plus faibles de la région Asie Pacifique. Le taux de chômage officiel déjà faible a lui aussi encore baissé, tombant à 3 % en 2012.
Le déficit budgétaire de la Malaisie a progressivement décliné, tombant de 6,7 % du PIB en 2009 à 4,5 % en 2012, tandis que, selon les estimations, la dette publique s’établissait à 55 % du PIB.
Il existe des plans d’assainissement des finances publiques, de réforme fiscale et de rationalisation des dépenses.
Plusieurs initiatives clés ont été lancées afin d’améliorer les finances publiques, y compris la reprise de la rationalisation des subventions. La taxe sur les biens et services (GST), attendue de longue date, doit être appliquée à compter d’avril 2015.
Politique de libre-échange et réductions tarifaires
La politique commerciale de la Malaisie vise toujours à faire du pays une nation autonome et industrialisée d’ici à 2020. Elle met l’accent, en particulier, sur la nécessité d’intégrer les entreprises malaisiennes dans les chaînes de valeur mondiales et de tisser des liens commerciaux avec de nouveaux marchés.
Depuis 2010, aucun changement n’est intervenu en ce qui concerne les institutions chargées de la formulation de la politique commerciale. Plusieurs nouvelles lois liées au commerce sont entrées en vigueur : la loi sur les services de quarantaine et d’inspection, la loi sur le commerce stratégique, la loi sur la concurrence et la loi sur le contrôle des prix et la lutte contre l’affairisme.
La Malaisie continue par ailleurs de négocier de nouveaux accords commerciaux régionaux (ACR) à la fois sur le plan bilatéral et avec ses partenaires de l’Asean. Sept nouveaux ACR concernant la Malaisie sont entrés en vigueur : trois sont des ACR conclus par l’Asean avec des pays tiers (Australie et Nouvelle-Zélande, Inde et Corée du Sud), et quatre sont des accords bilatéraux avec le Chili, l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
La Malaisie négocie actuellement des ACR avec la Turquie, l’Union européenne et l’Association européenne de libre-échange. Elle participe aux négociations sur le Partenariat transpacifique ainsi qu’aux négociations sur le Partenariat économique régional global (RCEP). Les efforts visent à établir une communauté économique de l’Asean d’ici à 2015.
En ce qui concerne l’évolution de la politique commerciale de la Malaisie, l’examen rappelle que les droits de douane demeurent l’un des principaux instruments de la politique commerciale ainsi qu’une source mineure de recettes fiscales (1,3 % des recettes fiscales totales en 2012). A la suite de l’adoption de la nomenclature du SH2012, le tarif douanier de la Malaisie a été simplifié grâce à la réduction du nombre de lignes tarifaires (de 9,3 %). Le tarif comporte une multiplicité de types de droits (19 droits ad valorem, 19 droits spécifiques, 11 droits composites, 2 droits alternatifs), dont le nombre reste à peu près inchangé depuis 2009.
Autre constat, la Malaisie n’a été impliquée, pendant la période d’examen et d’évaluation, dans aucune nouvelle affaire de règlement de différends portée devant l’OMC, que ce soit en tant que plaignant ou défendeur. Le pays a continué à présenter régulièrement des notifications à l’OMC, même si certaines d’entre elles sont toujours en suspens dans certains domaines tandis que, dans d’autres comme les contingents tarifaires ou le soutien interne dans l’agriculture, aucune notification n’a été présentée pendant des périodes relativement longues.
Depuis 2010, les réformes concernant les entreprises pour améliorer les conditions de l’activité des entreprises en Malaisie ont inclus la réduction des délais de traitement des autorisations douanières, l’élimination ou la simplification des prescriptions en matière de licences, et la réduction des délais d’approbation des permis de construire.
Globalement, les fondamentaux de l’économie malaisienne demeurent solides, selon l’examen. Bien que l’économie malaisienne se soit bien redressée après la crise financière mondiale, elle demeure vulnérable aux chocs exogènes affectant la croissance mondiale. Une croissance équitable et durable repose sur la diversification.
Le renforcement des réformes structurelles, en particulier celles qui visent à répondre aux préoccupations liées à l’assainissement des finances publiques, à la réforme fiscale et à la rationalisation des dépenses, consoliderait la flexibilité de l’économie malaisienne et sa capacité à faire face à une concurrence extérieure accrue.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Liste des examens des politiques commerciales par pays (OMC) : http://www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/tp_rep_f.htm
Résumé de l’examen de la Malaisie : http://www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/s292_sum_f.pdf