Rassurer les hommes d’affaires français, après un mois d’octobre kafkaïen, ponctué par l’enlèvement pendant quelques heures en Libye du Premier ministre Ali Zeidan ! « La situation politique est une chose. La vérité des affaires en est une autre », plaide Bashir Eltrabelsi (notre photo), qui préside le Libyan Businessmen Council, une association privée patronale constituée aux lendemains de la révolution libyenne.
Arrivé à Paris le dimanche 3 novembre au soir, cet homme d’affaires présent dans le ciment, les matériaux de construction et le sucre pilote une délégation de dirigeants d’une vingtaine de sociétés actives dans tous les secteurs, de l’électromécanique au lait pasteurisé, en passant par les services parapétroliers. « Il a fallu six mois pour organiser cette mission, mais nous y sommes parvenus avec l’appui du chef du Service économique à Tripoli, Marc Deballon, et du président de la Chambre de Commerce franco-libyenne, Michel Casals », se félicite Bashir Eltrabelsi.
« Nous avons des contacts avec l’Allemagne et l’Italie, notamment, mais avec la France, ce n’est pas pareil », soutient-il, avant de rappeler le rôle majeur de la France dans la défense des grandes villes comme Benghazi et Misrata et la chute du colonel Kadhafi. Toutefois, prévient-il, « il ne faut pas que votre pays se laisse distancer par les entreprises allemandes ou des pays arabes qui sont déjà très actives ».
Libyan Businessmen Council compte 200 membres, dont 80 % sont de la région de Misrata
Le Libyan Businessmen Council compte 200 membres, dont 80 % sont de la région de Misrata. Dans cette grande cité méditerranéenne, « la mentalité » serait différente, car « 80 à 85 % de la population active » travaillerait dans le secteur privé. L’industrie y est importante. C’est à Misrata qu’est établie la plus grande aciérie du pays. Un aéroport international y a été créé, une zone franche également entourant le port, qui dispose d’une profondeur maximale de 13,5 mètres. « Nous sommes tout proche du sud de l’Europe. Nous sommes la portée d’entrée vers l’Afrique, à proximité également de marchés comme l’Égypte », s’enflamme le numéro un de l’association patronale.
Ce que cherche à Paris le secteur privé libyen ? « Du savoir-faire, de l’expertise, une expérience qui nous manque », répond Bashir Eltrabelsi, avant de rappeler qu’avant la Révolution, « le secteur privé en était encore à ses débuts et ne pouvait pas maîtriser librement son développement ». Évidemment, les membres du Libyan Businessmen Council n’en sont pas à leurs tous premiers contacts avec des dirigeants de sociétés de l’Hexagone, mais leur président est aussi conscient qu’il faut du temps, notamment pour nouer des partenariats. « Ce que nous demandons aujourd’hui aux entreprises françaises, précise-t-il, c’est de venir en Libye pour étudier le marché ».
François Pargny