Les pays du Golfe peuvent-ils supplanter la France et
plus généralement l’Union européenne (UE) au Maghreb ou en Afrique du
Nord ? Pour Fabrice Balanche (notre photo), directeur du groupe de
recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo) à la
Maison de l’Orient à Lyon, le modèle d’une Dubaï séduisante, moderne et riche,
s’impose sur les rives sud de la Méditerranée, de Beyrouth (Liban) au Caire (Egypte),
en passant pas Amman (Jordanie).
Les projets
immobiliers de Qatari Diar
Même en Tunisie, les grands projets du Golfe sont légions
et « même si certains peinent à se concrétiser, ils se feront. Ce n’est
qu’une question du temps », confiait au Moci Fabrice Balanche, à
l’issue de la 31e édition des Rendez-vous de la mondialisation, le
25 septembre, que le Ceri (Centre d’études et de recherches
internationales) et le Commissariat général à la stratégie et à la prospective
consacraient au monde arabe. Et de citer notamment le projet de Qatari Diar,
filiale immobilière du fonds souverain Qatari Investment Authority (QIA),
d’ouvrir en 2015 dans le désert tunisien, près de Tozeur dans le sud-ouest, un
complexe touristique de culture arabe, comprenant restaurants, spas, salles de
conférences et services pour les hommes d’affaires.
Dans le cadre d’un vaste programme appelé
Le Caire 2050, Qatari Diar a aussi imaginé de développer le projet de la
Corniche du Nil, un complexe de deux tours, avec un centre commercial de détail,
un luxueux hôtel et un ensemble résidentiel sur les rives de la capitale égyptienne. Un projet
aujourd’hui en attente, depuis les évènements du printemps arabe en Égypte.
L’Europe
à son plus bas niveau depuis 2004
« Le Golfe est déjà le premier
investisseur dans le Machrek, le troisième au Maghreb et il est certainement en
passe d’y rattraper son retard », affirmait Fabrice Balanche. D’après
Anima, une plateforme de plus de 70 agences gouvernementales et réseaux
internationaux du pourtour méditerranéen, les investissements directs étrangers
(IDE) en provenance d’Europe sont à leur plus bas niveau depuis 2004, avec
9,91, milliards d’euros en 2012, contre 9,63 à la région du Golfe. L’Europe,
qui contribuait chaque année à la moitié des IDE, ne représentait plus qu’une
part de 26 % en 2012.
Et comme les pays du Golfe sont plus séduisants qu’une UE
en panne de croissance, le grand projet d’Union pour la Méditerranée (UpM), initié
par l’ancien président Nicolas Sarkozy, semble aujourd’hui vouer à l’oubli. De
leur côté, les monarchies du Golfe profitent de leur montée en puissance dans
les IDE pour mener une stratégie de plus grande proximité politique avec les
régimes en place en Afrique du Nord.
François Pargny