Le conseil de l’AUTF « Avoir de l’audace et ne pas faire de complexe de taille »
« Une PME ne peut en général pas affecter quelqu’un à 100 % au transport. Mais elle doit disposer en interne d’une personne qui sait comment les choses s’organisent. Sinon, elle prend un risque important quand elle s’aventure sur des opérations overseas », prévient Philippe Bonnevie, délégué général de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF).
S’en remettre trop aveuglément au transitaire peut constituer un handicap économique important s’il s’avère être peu proactif. « Il faut connaître la base des formalités douanières, notamment à l’importation, par exemple savoir qu’il existe des régimes douaniers privilégiés de façon à interroger son prestataire et l’obliger parfois à mettre en place des solutions qui ne sont pas toujours dans son intérêt. »
Preuve est faite que les petites PME sont (trop) facilement à la merci de leurs prestataires compte tenu de leur ignorance. « À elles de faire l’effort pour combler ce manque de capacité. Pour peu qu’il y ait une certaine régularité dans leurs échanges internationaux et un enjeu de développement, former ce cadre ou un agent de maîtrise est essentiel. Au moins pour savoir expliquer au prestataire ce que l’on souhaite précisément », poursuit-il. Certaines actions valent également d’être réalisées. « Prendre contact directement avec un courtier d’assurances permet de diminuer souvent considérablement le montant des primes. On a tort de penser qu’on est trop petit pour intéresser un courtier et négocier une police spécifique, plutôt qu’acheter son assurance au transitaire. La pratique prouve qu’il faut seulement oser. De même, la négociation en direct avec des compagnies maritimes n’est pas hors de portée de grosses PME. Expédier régulièrement quelques conteneurs par semaine vers une région ciblée peut justifier d’un contact direct », estime Philippe Bonnevie. L’entreprise traitera alors avec transitaire et non un un commissionnaire de transport. « Ce sera souvent le même prestataire qui interviendra sous un régime juridique laissant à la PME un meilleur contrôle de ses opérations. »
Le jeu en vaut la peine car les économies peuvent s’élever à plusieurs centaines de dollars par conteneur. Traiter de temps en temps en direct avec les compagnies permet aussi de vérifier que son transitaire habituel ne gonfle pas ses marges…
Le conseil de l’Ania « Faire attention au volet sécurité des procédures douanières »
Les PME des industries agroalimentaires gèrent très rarement elles-mêmes leurs formalités douanières. Elles les externalisent auprès d’un commissionnaire en douane. En général, le prestataire qui réalise la logistique d’exportation sur le pays tiers prend en charge ces formalités. Tel est le constat fait par Diane Doré, chef de projet export de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Lorsque les entreprises sont uniquement exportatrices vers l’Union européenne, les formalités douanières sont très simplifiées. « Elles sont plus complexes lorsqu’il s’agit d’exportations vers un pays tiers. La réglementation douanière de l’Union européenne a notamment fortement évolué pour intégrer un volet sécurité. Il y a des pré-déclarations à faire en amont des importations et des exportations. Il faut s’assurer que ces éléments seront bien gérés par le prestataire. Nous conseillons donc vivement aux PME de connaître le b-a-ba des procédures douanières à l’export sur pays tiers pour bien comprendre ce qu’elles doivent attendre de leurs prestataires. »
Le site www.ania-export.fr a été conçu pour aider en ligne les entreprises et tout particulièrement les PME sans expérience préalable à l’exportation à se développer sur de nouveaux marchés internationaux. Il intègre un module « Procédure douanière » qui explique notamment les nouveautés apportées par le volet sécurité ainsi que des généralités sur le dédouanement dans les pays tiers. « Ce module a été construit de manière très didactique en étroite collaboration avec la DGDDI. Il faut que les PME s’impliquent davantage dans ces questions », insiste Diane Doré.
Le conseil de l’Afim « Bien réfléchir à l’acte d’exportation lors du contrat commercial »
« Il ne faut pas oublier que l’opération de transport s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large », souligne Evelyne Cholet, secrétaire générale de l’Union des constructeurs de matériel textile (qui exporte à 91 %) et directeur des relations internationales de la Fédération des industries mécaniques. L’Afim propose sur son site Internet toute une série d’informations tournant autour de l’acte d’exportation.
Des fiches pays sont mises à la disposition des entreprises. En ce qui concerne le transport et la logistique, l’Afim leur fournit un accès aux listings émis par des fédérations internationales comme le Clecat (Comité de liaison européen des commissionnaires et auxiliaires de transport), TLF (Fédération des entreprises de transport et de logistique), la Fiata (Fédération internationale des associations de transitaires et assimilés) ou l’Aslog (Association française pour la Logistique).
« Il est utile de répertorier les acteurs qui interviennent dans le pays où l’entreprise veut exporter et les mettre en concurrence. » Mais il s’agit surtout de sensibiliser les PME sur leurs actes d’exportations. « On ne peut exporter ou faire exporter ses marchandises sans connaître les Incoterms », insiste Evelyne Cholet. La principale difficulté d’une opération de transport international réside dans l’appréciation de la dernière phase du transport. « Dans le cas d’une exportation vers la Chine, le prestataire maîtrise en général très mal le coût du passage dans le port chinois d’arrivée et le post-acheminement à l’usine du client. En conséquence, le coût rendu usine d’une machine peut réserver de très mauvaises surprises ! »
Son conseil : veiller au choix du bon Incoterm suivant les pays considérés. « Il faut les connaître et les inclure dans le contrat commercial, ce qui n’est pas du ressort du prestataire de transport. Sur ce point nous pouvons apporter de précieux conseils à une PME. » L’Afim avait ainsi présenté à ses adhérents en janvier dernier les nouveautés apportées par l’arrivée des nouveaux Incoterms.
Ph. D.