Le transfert de technologie est sans doute une des clés pour s’installer durablement au Kazakhstan. Le pays ne jure plus que par l’innovation. Le Président ne manque pas une occasion d’insister sur ce point, après avoir lancé la Stratégie pour le développement industriel et l’innovation 2003-2015.
En réalité, les projets gouvernementaux ont de la peine à démarrer. Certes, on ne crée pas un secteur en un jour.
En 2007, fasciné par les succès de Singapour ou de la Malaisie dans les hautes technologies, le président Nazarbaïev inaugurait le parc technologique Alataou, à Almaty, dédié aux technologies de l’information. Un échec pour le moment. « Tout le monde ne parle que d’innovations technologiques. Mais c’est surtout déclaratif », estime un homme d’affaires européen qui suit ces questions.
L’aspect étatique et bureaucratique du dispositif a contribué à refroidir les candidats. Un des principaux instruments du dispositif kazakhstanais pour encourager l’innovation industrielle est le Fonds national d’innovation (NIF). Créé en 2003, il a pour principale mission de soutenir financièrement des projets prometteurs. Il le faisait contre l’acquisition du brevet jusqu’en 2009, en prenant des parts dans les entreprises qui le sollicitaient. Mais cela ne plaisait visiblement guère aux entreprises : deux ou trois par an seulement faisaient appel au NIF.
« Souvent, les entrepreneurs ne veulent pas avoir à faire avec l’État et la bureaucratie. Ils ne veulent pas attendre longtemps que l’argent vienne, que la police financière débarque chez eux ou que nous suivions leur projet », admet Rassoul Rakhimov, un des directeurs exécutifs du NIF. Résultat : le fonds sera bientôt transformé en Agence nationale pour le développement des technologies. « Nous continuerons à financer des projets, mais nous serons davantage un think tank du gouvernement, pour concevoir la stratégie nationale en la matière ou identifier les technologies à cibler », explique le jeune fonctionnaire.
Pour l’heure, ce sont surtout les transferts de technologies étrangères qui poussent l’innovation au Kazakhstan. C’est le cas avec le Centre franco-kazakhstanais de transfert de technologies, créé en 2010, porté côté français par CEIS (Compagnie européenne d’intelligence stratégique), qui détient 49 % des parts. En novembre dernier, un premier contrat était signé dans ce cadre pour l’achat de panneaux solaires photovoltaïques. Un projet qui a bénéficié du soutien financier du gouvernement français.
Ce contexte a conduit une entreprise comme EADS à intégrer, dans son approche, la stratégie kazakh-stanaise de développement. « Nous nous inscrivons complètement dans une philosophie d’accompagnement du développement et de la diversification de l’économie du pays », affirme Silvère Delaunay, directeur Kazakhstan d’EADS. « C’est pourquoi nous sommes présents en tant que partenaire stratégique aussi bien dans l’aéronautique, l’espace, les images satellites pouvant par exemple être des plus utiles pour l’agriculture, ou la défense-sécurité », poursuit-il.
R. G.
Bâtiment : besoin de matériaux de finition
Le contraste est grand entre l’extérieur et l’intérieur des édifices qui poussent comme des champignons dans la capitale kazakhstanaise, Astana. Vu de l’extérieur, on se laisse impressionner par la modernité des architectures, par les édifices de verre des plus modernes, parfois audacieuses. D’autant que cet extérieur semble bien vieillir, malgré les écarts de température que connaît cette région située au cœur du continent eurasiatique (jusqu’à + 40° C l’été et – 40° C l’hiver). Mais lorsqu’on entre dans ces immeubles, sillonne leurs couloirs, saisit les poignées de porte des bureaux, dévale les escaliers, on est surpris par le manque de qualité. « Nous avons les matériaux de base, produits au Kazakhstan. À part le verre. Il faudrait construire une usine ici. Mais, pour la finition, il nous faudrait plus de matériaux de qualité », explique Aytekin Gültekin, président de la société turque Sembol, qui a construit quelques-uns des plus prestigieux édifices d’Astana.
R. G.