Actuellement, plus des deux tiers des titulaires de BTS CI continuent leurs études. Cette formation à bac + 2 peut se prolonger par un bachelor, une licence professionnelle, un master… Elle remplace même parfois la prépa aux grandes écoles.
Le troisième classement des BTS Commerce international (CI) du Moci, établi d’après les taux de réussite à l’examen de juin 2010, prouve la vitalité de cette formation. Avec un taux de réussite de 100 %, 19 établissements se partagent en 2010 le premier rang. D’après les résultats fournis par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Éducation nationale, le taux de réussite national à ce diplôme à bac + 2 atteint un niveau record de plus de 87 %, contre 79,61 % en 2009.
Plus des deux tiers de ces diplômés poursuivent leurs études. Au lycée Saint-Louis de Saint-Étienne, ce sont 90 à 95 %, voire certaines années 100 % des étudiants qui choisissent cette voie. L’établissement propose d’ailleurs un bachelor Responsable de zone import-export aux diplômés de commerce international. « Il s’agit d’un titre inscrit au RNCP niveau II, donc reconnu à bac + 3. Son originalité est qu’il s’adresse uniquement à des BTS CI et leur permet d’approfondir leurs connaissances en commerce international, géopolitique, langues étrangères, gestion et d’en aborder de nouvelles, comme le management stratégique, le business plan… », explique Arlette Lebourg, responsable du département commerce international de ce lycée privé.
Cette année de formation, qui se déroule en formation initiale ou en contrat de professionnalisation, peut même être complétée par une quatrième année d’études à l’étranger dans une université partenaire, sanctionnée par un diplôme de management international à bac + 4. « Nous avons comme projet pour 2013 de compléter le parcours par une cinquième année et d’offrir ainsi un diplôme à bac + 5 en management international », complète Arlette Lebourg.
Les bachelors, formations à bac + 3 ou 4 des écoles de commerce, et les licences professionnelles représentent des débouchés fréquents. De plus en plus de diplômés s’orientent également vers le programme grande école (master) des écoles de commerce qu’ils intègrent soit en première année, après leur BTS, soit en deuxième année après avoir d’abord opté pour une année de licence.
L’ouverture des places en admission sur titre dans les écoles de management a largement renforcé ce mouvement. « La variété des candidats fait la richesse de nos écoles. C’est dans cet esprit que nous avons conçu le concours Passerelle en offrant une chance à chacun, quelle que soit sa filière d’origine, d’intégrer une de nos écoles. 16 options sont ouvertes pour l’épreuve au choix », reconnaît Jean-François Fiorina, président de Passerelle ESC, la banque d’épreuves commune à 17 écoles supérieures de commerce (ESC). Parmi ces épreuves, l’économie, la gestion, l’allemand ou l’espagnol.
Depuis la session 2011, une nouvelle matière est proposée pour les étudiants de BTS tertiaires en gestion et négociation commerciale : il s’agit d’apporter des solutions, des orientations ou des préconisations à partir d’une problématique commerciale d’entreprise. Les professeurs de lycée comme des écoles de management observent d’ailleurs que le BTS est devenu pour certains une alternative aux classes prépas, de plus en plus boudées par les étudiants.
La poursuite d’études à l’étranger tend aussi à progresser depuis quelques années, même si elle est plus fréquente après une troisième année en France que directement après le BTS. Le BTS CI a d’ailleurs connu en 2007 un toilettage qui en fait l’un des premiers BTS à référentiel commun européen, avec huit autres pays. Une réforme destinée à encourager la mobilité professionnelle, mais aussi de poursuite d’études au sein de l’Europe.
Pour ceux qui souhaitent partir, mieux vaut cependant se renseigner pays par pays. L’Australie, très offensive ces dernières années pour recruter des étudiants étrangers, a par exemple fait le choix de reconnaître les deux années de BTS comme l’équivalent des deux premières années de son diplôme bachelor (bac + 3).
Un programme, PIFA (Programme international France-Australie) après BTS, a même été lancé en 2006 en France à l’initiative de Francaustralia Education, l’agence de promotion des établissements australiens, pour faire le lien entre les universités australiennes et les diplômés. « Nous avons envoyé les CV des BTS français aux établissements australiens et certains ont décidé de reconnaître cette équivalence. Pour le BTS CI, cela concerne par exemple l’University of Sunshine Coast, l’University of Wollongong, James Cook University, qui a plusieurs campus en Australie et un à Singapour et Australian Catholic University qui a plusieurs campus en Australie », indique Loïc Matti, conseiller du programme auprès des étudiants. Une centaine de diplômés BTS CI ont déjà obtenu en un an un bachelor business, commerce international, marketing, ressources humaines ou business administration. Leur profil ? « Une moyenne de 12 en BTS et un bon niveau en anglais, correspondant selon les établissements à un score de 75 à 82 au TOEFL », estime Loïc Matti.
Armés de leur diplôme ou d’un master s’ils ont joué les prolongations, les titulaires de BTS CI trouvent leur place sur le marché de l’emploi. « Nous recrutons de plus en plus de candidats avec ce diplôme. Avec la globalisation des échanges, la gestion des flux se fait de plus en plus à l’international. Les filières de la gestion de flux, de la relation client ou de la supply chain ont le vent en poupe », confirme Sébastien Sanchez, directeur chez Page Personnel.
Au niveau BTS CI, les diplômés peuvent s’orienter vers les métiers du commerce, de l’approvisionnement, de l’administration des ventes, de gestionnaire export, d’agent de transit. « Si le BTS CI permet de travailler à l’international, il ne permet pas forcément aux diplômés de s’expatrier », précise Sébastien Sanchez. Avec un master, ils peuvent briguer des fonctions de manager de la supply chain ou de gestionnaire logistique.
G. G.
Témoignage : Zamir Asakaly, étudiant à l’ESCE
Habitant à la Réunion, bilingue français-hindi, Zamir Asakaly est venu en métropole spécialement pour suivre un BTS CI au lycée Montalembert à Courbevoie. « Les métiers de l’import-export m’ont toujours attiré et cette formation était une bonne porte d’entrée. Le BTS CI m’a permis de me familiariser avec les techniques et connaissances du commerce international et d’effectuer un stage de marketing et de vente en Inde de trois mois pour la société Somfy », explique-t-il. Une mission qui lui a valu le 1er prix à l’international des conseillers du commerce extérieur des Hauts-de-Seine. « Après mon BTS CI, j’ai voulu approfondir le domaine du commerce international en intégrant une école de commerce. L’ESCE, très axée sur le commerce extérieur, m’a beaucoup plu.
D’autant qu’elle propose une spécialisation en dernière année sur la création et la reprise à l’international, que je souhaiterais suivre puisque j’aimerais créer ma propre affaire d’import-export. » Les matières étudiées en BTS CI ainsi que le passage en revue de l’actualité des deux dernières années lui permettent de préparer (et de réussir) le concours en admission parallèle. Il a intégré la troisième année de l’école (en cinq ans) à la rentrée 2010 et effectue d’ores et déjà un stage de trois mois de prospection du marché asiatique pour Atril, une société de logiciels de traduction instantanés.
G. G.
Témoignage : Amélie Jeanguyot, étudiante en Master 2 commerce international
C’est parce qu’elle était attirée par les langues étrangères qu’Amélie Jeanguyot, issue d’une classe européenne, a opté pour un BTS Commerce international à l’ENC Bessière à Paris après sa Terminale ES. « Je voulais aussi me professionnaliser et les stages, dont un de deux mois à l’étranger, me semblaient une bonne façon de commencer dans la vie active », explique la jeune fille. Visites de salons, mission de prospection d’une semaine en Suède… le BTS a totalement répondu à ses attentes et l’a conduite à entamer une licence professionnelle à Marne-la Vallée. « Les matières étudiées m’ont aussi préparée à la licence professionnelle en commerce international », se félicite-t-elle. Un cursus qu’elle réalise en apprentissage chez Sterling, une société de relocation internationale où elle avait déjà réalisé un stage en BTS. « Il s’agissait alors de faire de la qualité : recueillir le point de vue des clients et mettre à jour leur note. En licence professionnelle, mes responsabilités ont progressé.
Le contrat d’apprentissage a été renouvelé pour mon master en commerce international [effectué également à Marne-la Vallée, Ndlr]. Aujourd’hui je forme un vrai binôme avec ma responsable et je suis amenée à la remplacer et à gérer les grands comptes quand elle est en vacances », indique Amélie Jeanguyot. L’apprentie organise le déménagement à l’international des expatriés de grandes sociétés, s’occupe des opérations logistiques, douanières, de planification et de gestion/contrôle documentaire et est en relation avec les services de mobilité internationale des entreprises clientes, les transitaires, les partenaires (déménageurs dans le pays d’arrivée) et les expatriés.
G. G.