Il y a exactement cinq ans, une coalition militaire dirigée par les Américains et les Britanniques attaquait puis envahissait l´Irak. On ne reviendra pas sur le chaos qui s´est installé dans ce pays devenu la principale zone d´instabilité dans le monde, contrairement aux prévisions optimistes de Washington. Alors que l´immense majorité de la population vit dans la misère, le paradoxe est que jamais l´Irak n´a été aussi riche !
De fait, les chiffres de niveau de vie sont catastrophiques : 20 à 50% de taux de chômage, 15% de la population a carrément faim, 40% n´a pas l´eau potable, l´électricité est encore trop peu disponible, les services médicaux sont dans un état lamentable (3/4 des médecins ont quitté le pays), etc. Paradoxalement, le budget de l´Etat est en excédent de plusieurs milliards, inutilisés en raison des violences qui entravent tout projet, de l´absence d´expertise, et d´une certaine corruption rampante. L´année dernière, les exportations d´or noir ont rapporté 40 milliards de dollars (80% des recettes de l´Etat) et si le pétrole se maintient au dessus de 100 dollars, c´est une manne de 70 milliards de dollars qui inondera le pays, de quoi susciter bien des convoitises entre communautés.
Car l´Irak retrouve peu à peu son niveau de production d´avant l´intervention, soit 2,5 millions de barils/jour. La production pétrolière irakienne souffre désormais surtout d´un manque criant de technologies et de capitaux plus que d´insécurité (les oléoducs et les installations sont mieux protégés, et équipés de compteurs). Les compagnies pétrolières étrangères attendent la promulgation d´une nouvelle loi sur le pétrole qui permettra de négocier des contrats d´exploitation à long terme. Pour le moment, seul le support technique va être rendu possible. Une centaine de compagnies ont offert leurs services, et les Irakiens sont sur le point d´en sélectionner certaines. L´Irak compte porter sa production de 2,4 millions de b/j actuellement (dont 2 millions exportés) à 2,9 à la fin de cette année. Les autorités se prêtent même à rêver parlant de 4,5 millions de b/j en deux ans, puis de 6 millions de b/j d´ici 2015 grâce à de nouveaux champs dans le Western Desert et le Kurdistan.
Difficulté de taille, le projet de loi prévoit de partager équitablement les revenus du pétrole entre les 18 provinces. Or le Kurdistan irakien fait cavalier seul en attribuant quinze blocs, opérés par une vingtaine de compagnies étrangères, au grand dam de Bagdad. Le gouvernement central a déclaré ces contrats illégaux et menacé de boycotter les compagnies concernées, sans beaucoup d´effet jusqu´à présent.