Le Moci. Quel sera, à votre avis, l’impact de la réforme portuaire que le parlement brésilien vient d’approuver, notamment en termes de nouveaux investissements dans les ports ?
Jean-Pierre Bernard. La loi de réforme portuaire nº 12 815/2013 affaiblit l’autorité portuaire en centralisant les concessions et leur processus d’attribution auprès du Secrétariat spécial des ports (SEP).
Cet organisme prend également en charge la planification du développement et la formulation des plans d’investissement, ce qui devrait provoquer, à mon avis, une bureaucratisation accrue en matière procédures. Le texte introduit des changements importants qui ont des conséquences directes sur la capacité d’attraction des investissements. L’élimination de la distinction entre charge propre et charge de tiers augmente le champ d’action des terminaux privés ce qui devrait à la fois accroître la capacité globale de manutention et stimuler la concurrence. Par ailleurs, la durée des concessions continue à être limitée à 25 ans mais celles-ci pourront être prolongées indéfiniment sur la base de nouveaux investissements compatibles avec la planification et le développement l’aire portuaire. En définitive, je pense que ces changements vont stimuler les investissements privés et la qualité du service des ports brésiliens.
Le Moci. Quelle est la stratégie d’Haropa au Brésil ? A-t-elle eu déjà des conséquences sur les relations commerciales entre le Brésil et la France ?
J.-P. B. Les ports du Havre, de Rouen et de Paris collaboraient déjà ensemble au Brésil depuis une bonne quinzaine années en matière de promotion. Le GIE Haropa permet de présenter une offre globale et complémentaire dans tous les créneaux du trafic portuaire : marchandises diverses, froid, ro-ro, vracs liquides et solides. La présence du port de Paris est un atout supplémentaire, car la capitale est une marque forte au Brésil. Haropa est la seule zone portuaire en Europe qui dispose de terrains pour accroître sa capacité. Notre mission consiste aussi à expliquer que l’Europe n’est pas un continent fermé et que les ports d’Haropa sont une porte d’entrée non seulement du grand bassin de consommation qu’est la région parisienne mais aussi du marché européen. Actuellement, le Brésil exporte principalement des produits non-élaborés (produits agricoles, bois, papier, fruits et légumes, viande, etc.). Nous montrons aux sociétés brésiliennes qu’il y a un potentiel pour des produits incorporant davantage de valeur ajoutée, notamment dans l’industrie alimentaire, et qu’Haropa leur offre des solutions logistiques compétitives disponibles pour travailler en Europe.
Propos recueillis par D. S.