L’Europe est de loin le premier partenaire de la région-capitale. Aussi, en raison surtout de la crise économique dans la zone euro, les échanges commerciaux ont baissé au premier semestre. Bonne nouvelle, toutefois, alors que les exportations et les importations ont toutes deux fléchi, le déficit commercial a régressé.
Depuis plus d’un an, le commerce extérieur de l’Ile-de-France se dégrade. De fait, après une année euphorique en 2011 (+ 13 % des exportations, + 11 % des importations), la première région économique française a enregistré une hausse de ses ventes et de ses achats à l’étranger, réduite à 3 % et 2,3 % respectivement, et un recul de 1,3 % et de 3,27 % au premier semestre 2013 par rapport aux six premiers mois de l’an dernier, d’après une note de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), sur « le commerce extérieur de l’Ile-de-France au premier semestre 2013 ».
L’Ile-de-France pâtit de la mauvaise conjoncture économique, notamment dans l’Union européenne (UE), les 27 partenaires de la France dans l’UE absorbant à eux seuls 48 % de ses exportations et l’approvisionnant à hauteur de 58 %. En valeur, les exportations franciliennes sont tombées à 37,9 milliards d’euros, dont 18 milliards vers l’UE, et les importations à 65,13 milliards, dont 37,6 milliards en provenance de l’Union européenne. Pour autant, les Franciliens peuvent se consoler avec la réduction du déficit commercial, qui est passé de – 28,9 milliards d’euros à 27,23 milliards à période comparable.
Avec l’UE, l’Ile-de-France est largement déficitaire, puisqu’elle lui a acheté pour 37,6 milliards et seulement vendu pour 18 milliards. Une grande partie du solde négatif provient de ses échanges avec l’Allemagne, ce voisin de la France lui fournissant pour 9,6 milliards d’euros et important pour 4,1 milliards. Un écart qui a, pourtant, été limité, puisque les approvisionnements de l’Ile-de-France outre-Rhin chutaient de 9,5 % pendant que ses exportations augmentaient de 2,5 %. Le cas de l’Allemagne n’est pas unique. Dans la pratique, l’Ile-de-France a réduit ses achats avec tous ses principaux fournisseurs, sauf la Suisse (+ 12,5 %) et surtout la Roumanie (+ 285 %), qui a très largement accéléré ses livraisons automobiles dans la région-capitale. De même, tous les grands postes d’importations affichent un retrait, à l’exception du textile et du cuir (+ 3,5 %).
S’agissant des exportations, la situation est plus contrastée. Hormis l’Allemagne, les livraisons ont gagné 8,3 % en Chine, 7 % aux États-Unis, 4,7 % en Belgique et 1 % au Royaume-Uni. Sans compter qu’elles ont franchi un milliard d’euros en Russie, ce qui correspond à une progression de 17 %. Dans le sens inverse, des baisses sont notables en Suisse, avec – 20,9 %, et en Europe du Sud : Espagne, – 16 % ; et Italie, – 11,25 %.
En ce qui concerne les secteurs, un seul enregistre une hausse, mais c’est le premier poste d’exportations, à savoir le matériel de transport, qui gagne 15 % à 9 milliards d’euros entre le premier semestre 2012 et la période correspondante de 2013. Deux grands postes n’ont pas bougé, agroalimentaire et métallurgie, alors que les ventes ont régressé le plus dans les hydrocarbures et les industries extractives (- 25 %).
Par rapport aux autres régions françaises, le poids de l’Ile-de-France demeure relativement stable, avec des parts de 17 % dans les exportations et de 25,7 % dans les importations.
Quand exportations riment avec investissements étrangers
L’Ile-de-France compte pour 50 % des exportations des filiales de sociétés étrangères implantées dans l’Hexagone, d’après le rapport 2012 sur les investissements étrangers créateurs d’emplois de l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii). Et comme 49 % des entreprises étrangères choisissent la région capitale et y réservent 57 % des investissements corporels réalisés sur tout le territoire national, force est de constater la très forte attractivité de l’Ile-de-France en matière d’investissements directs étrangers (IDE).
Comme le souligne l’Afii, la région englobant Paris est une « métropole puissante et diversifiée, située au carrefour des échanges européens et mondiaux », devenue « la première région économique française et européenne » et « la première région touristique mondiale ». De grandes entreprises étrangères y sont établies dans ses secteurs d’excellence : Kraft Foods (États-Unis) et Nestlé (Suisse) dans l’agroalimentaire, EADS (France-Allemagne-Pays-Bas) dans l’aéronautique, le spatial et la défense, DHL Express (Allemagne) et FedEx (États-Unis), GSK (Royaume-Uni) et Novartis (Suisse), Allianz (Allemagne) et Ricoh (Japon) dans les services, Microsoft (États-Unis) dans les technologies de l’information et de la communication, Euro Disney (États-Unis) dans le tourisme.
Les États-Unis sont devant le Royaume-Uni et l’Allemagne le premier pourvoyeur d’IDE en Ile-de-France. Par exemple, l’an dernier, la start-up, basée à San Francisco, AirBNB, qui propose une plateforme Internet de mise en relation entre hôteliers et voyageurs, y a créé un bureau commercial. De même, le spécialiste britannique du décryptage d’audience et de données Infectious Media a ouvert une filiale commerciale à Paris. S’agissant des entreprises allemandes, Rethmann, fournisseur de prestations logistiques en Europe, a développé l’activité de sa filale Rhenus Logistics Gretz ; la société familiale LDB, qui a développé son expertise dans les études et le marketing dans de nombreux secteurs (santé, automobile, agroalimentaire…) a repris le cabinet d’étude en difficulté Mica Research et renforcé son propre bureau d’étude créé en 2011 ; enfin, Alfred Karcher, qui fabrique des machines de nettoyage haute pression, a renforcé son quartier général.
Sur 100 centres de décision installés par des compagnies étrangères dans l’Hexagone, 64 étaient situés en Ile-de-France en 2012, à l’instar du canadien Groupe Adèle, qui y développe son réseau de franchises en Europe dans son activité de services à domicile. L’Afii note encore que l’Ile-de-France a capté 14 projets dans les équipements électroniques, soit 44 % du total France, 12 dans les industries des médicaments et biotechnologies appliquées, soit 29 % du total France, et 5 dans les machines et équipements mécaniques, ce qui correspond à 19 % de l’ensemble national.
François Pargny