De gouvernement en gouvernement,
de plan de relance en plan de relance, depuis une vingtaine d’années, le Japon
n’a pu enrayer la baisse de son produit intérieur brut (PIB). Pourtant, le
gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe a décidé un nouveau
plan de relance économique de 175 milliards d’euros pour sortir de la
récession, deux ans après l’accident nucléaire de Fukushima. « La
reconstruction devrait représenter environ 4 % du PIB et se poursuivre jusqu’à
la fin de mars 2016 », estime l’Organisation mondiale du commerce (OMC),
dans son dernier examen des politiques commerciales du Japon (19-21
février).
Malgré un déficit commercial de
58 milliards d’euros en 2012 – avec, pour la première fois, une perte avec
l’Union européenne, en raison de l’effondrement des ventes automobiles et
électroniques – les experts de dix instituts privés ont, chacun de leur côté,
prévu une reprise, qui pourrait s’étaler entre 0,8 % et 2,3 % pour l’année
fiscale en cours. Le solde négatif record des
échanges en janvier, de 13 milliards d’euros, ne semble pas les inquiéter, car
ils pensent que le Japon va profiter de la reprise économique en Chine et aux États-Unis ainsi que de la dépréciation du yen, la monnaie nationale.
L’OMC demande plus de
concurrence
De son côté, l’OMC n’est pas
tendre avec l’archipel, lui reprochant de négliger les réformes structurelles,
pourtant indispensables depuis une dizaine d’années pour relancer la croissance
économique. Et de citer, notamment, « la libéralisation des échanges et la
stimulation de la concurrence qui en résulte ».
En matière de commerce extérieur,
« le droit de douane reste la principale restriction à la frontière
appliquée par le Japon » et « les mesures non tarifaires sont les
prohibitions ainsi que les restrictions quantitatives à l’importation »,
écrit l’OMC. Ainsi, pendant l’exercice 2012, la moyenne simple des droits
douane s’élevait à 6,3 %, contre 5,8 % en 2010.
S’agissant des investissements
directs étrangers, « l’IED entrant
au Japon reste très inférieur à l’IED sortant et il est aussi relativement
faible par rapport à d’autres grands pays de l’OCDE, ce qui peut être attribué à
des facteurs tels que l’appréciation du taux de change, le coût élevé de
l’activité commerciale et les obstacles réglementaires», explique l’OMC.
« Les autorités estiment que les principales raisons sont les
suivantes : il est difficile d’embaucher des salariés qualifiés, le coût de
l’activité commerciale est élevé au Japon et
les clients sont très exigeants », relève encore l’Organisation mondiale
du commerce. Mais selon elle, «
les partenaires commerciaux du Japon ont indiqué dans le passé que le bas
niveau de l’IED entrant pouvait être attribué, entre autres choses, aux
obstacles entravant les fusions et acquisitions, à l’insuffisance des réformes
de la réglementation, au manque de transparence et de flexibilité financières
et à la rigidité du marché du travail ».
Tokyo négocie avec les
Européens
Depuis quelques années, Tokyo s’est engagé dans le difficile exercice,
pour un pays jugé protectionniste en matière d’IDE, de se rapprocher des grands
blocs régionaux, comme l’Association des nations du
Sud-est asiatique (Asean) et
l’Union européenne (UE). Subissant les reproches de ces communautés d’intérêt,
en particulier des Européens qui lui reprochent ses normes en matière de médicaments
ou son manque d’ouverture dans les marchés publics, le gouvernement nippon doit
s’adapter. Et parfois battre en retraite, comme le montre, tout récemment la présélection
de deux entreprises françaises, Alstom et Thalès, pour la mise en place d’une
nouvelle signalisation ferroviaire sur un tronçon de 30 kilomètres de la ligne Joban à Tokyo.
« Une première depuis 1999 », saluée à Paris par le ministère du
Commerce extérieur.
Tokyo a aussi levé en février
l’embargo sur la viande bovine française et néerlandaise, qui était appliqué
depuis 2001. Deux gestes de bonne volonté, qui semblent démontrer la volonté du gouvernement
nippon d’aboutir le plus rapidement possible à un accord de libre échange avec
l’UE.
A court terme, le Japon devra,
néanmoins, éviter l’escalade d’une guerre des monnaies, en précipitant une trop
forte dépréciation du yen pour stimuler ses ventes à l’étranger. De même, il
devra être attentif à ce que les mauvaises relations politiques et
géopolitiques autour des îles Senkaku/Diaoyu avec Pékin ne
pèsent un jour sur ses exportations.
En 2012 le Japon affichait un total d’exportations de marchandises de 620,86
milliards d’euros. En absorbant une part de plus de 18 % de ce montant, la
Chine était son premier client dans le monde.
François Pargny
Pour prolonger
Cliquer sur notre site sur la
rubrique « Pays & marchés », puis choisissez « Japon »
pour accéder à tous nos contenus.