Les projets sont connus, les
budgets sont votés, mais le gouvernement n’est pas tout à fait légitime. Faute
de Constitution, faute d’une organisation politique approuvée de tous, les
autorités hésitent, tâtonnent, retardent leurs décisions. Faut-il pour autant adopter une position attentiste ? Rien n’est moins sûr. « Il reste que les
contacts se prennent aujourd’hui. Et que le temps perdu ne se rattrapera
pas», confiait récemment le patron d’une entreprise française implantée
en Libye.
En fin limier, Mohammed El Ouahdoudi,
le fondateur de la
Convention France-Maghreb (CFM), a fait la part belle à la
Libye à l’occasion de la 11ème édition de l’évènement, le 8 mars à Paris. En arabe ou dans un français un peu hésitant, le
vice-ministre libyen de l’Industrie, Hasan Ali al Drui (notre photo), s’est
efforcé, semble-t-il, de délivrer un message de vérité aux opérateurs français
et maghrébins.
Ainsi, « les opportunités
sont-elles nombreuses dans la construction, les infrastructures, les
télécommunications, la santé, l’enseignement, l’électrification ou
l’industrie », a énuméré le vice-ministre, avant d’inviter les
investisseurs à revenir quand « un minimum de sécurité sera rétabli ».
« Ce qui ne signifie pas que rien ne se fait à Tripoli, indiquait un
entrepreneur basé en Libye. Mais un jour les anciens contrats sont honorés, un
autre jour ils sont arrêtés, un troisième jour une affaire est évoquée, sans
que l’on sache pourquoi». Bref, un suivi au jour le jour s’avère nécessaire.
Un besoin réel d’expertise et de formation
A l’horizon, les opportunités se profilent. Quelque 360 sociétés sont vouées
à être privatisées au profit des investisseurs locaux et étrangers. On parle
d’une loi sur l’investissement étranger d’ici début avril, sans que l’on sache
si elle s’inspirera du modèle algérien (majorité d’actionnariat local dans les projets et sociétés
donnée obligatoirement à des nationaux) ou permettra aux entreprises
internationales d’être opérateurs à 100 %. Selon Hasan Ali al Drui, « les
usines sont prêtes à être privatisées », mais il y a un problème de
compétitivité, car « la main d’œuvre y est trop importante ».
Pour restaurer « l’économie
libre qui existait à l’indépendance en 1951 » et qui a été remplacée
« pendant quarante ans par une main mise publique sur l’ensemble des
activités économiques », « il va falloir beaucoup d’études », avertit
le vice-ministre, car « nous avons besoin de modernisation »,
affirme-t-il encore; et pour y parvenir, « il faut évaluer, expertiser
tous les secteurs ». Dans l’industrie, précise-t-il, le plan 2013 prévoit
« le lancement d’appels d’offres, ce qui nécessite de faire appel à des
experts pour évaluer les projets et préparer les appels d’offres ».
La formation a été un autre
secteur abordé, lors de la CFM, par Malika Berak, ambassadrice pour la
coopération méditerranéenne au ministère français des Affaires étrangères,
et aussi chargée aussi par Laurent Fabius d’une mission interministérielle pour la Libye
dans le but de faciliter les contacts des entreprises françaises dans ce pays. Avec
la Chambre de Commerce franco-libyenne, a-t-elle révélé, nous travaillons sur
la formation continue et la formation de formateurs en particulier ».
La France multiplie les initiatives
A l’initiative de l’ancien
secrétaire d’État au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, la France a créé 11
«clusters » (santé, construction, hydrocarbures…). Michel Casals,
qui préside la CCFL, invite les grandes entreprises notamment à participer aux
échanges dans ces groupes de travail.
Secrétaire général de la CCFL,
Christian Valéry a également rappelé à la CFM 2013 que la France avait été un
des premiers pays à revenir à la Foire internationale de Tripoli. « Cette
année, une trentaine de pays devraient y participer début avril sur le pavillon
organisé par Ubifrance. D’autre part, a-t-il poursuivi, le Gep (Groupement des
entreprises et professionnels des hydrocarbures), va emmener une délégation de
ses membres au salon Oil & Gaz Libya fin avril. Enfin, la CCFL monte une
mission de maintenance industrielle pour la mi-mai en Libye».
Les concurrents ne sont pas en
reste, puisque tout récemment une délégation chinoise de haut niveau du
ministère du Commerce a été reçue à Tripoli par le ministre du Logement et des
infrastructures pour s’entretenir des projets suspendus depuis la révolution. Suite
à des rencontres à Londres avec des organismes libyens spécialisés, plusieurs
entreprises britanniques du secteur de l’eau ont également annoncé leur
déplacement en Libye du 20 au 23 avril prochain.
François Pargny
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