« Sfax, c’est à la fois la
meilleure solution pour désengorger le nord de la Tunisie, pour désenclaver
l’intérieur du pays, qui est devenu la priorité du gouvernement en matière de
développement régional, et c’est la porte du désert vers l’Afrique, notamment
la Libye », énumère Naâmen Bouhamed, le promoteur de l’initiative privée www.invest-in-sfax.com, qui exposait
à la Convention France
Maghreb (7-8 mars) avec le soutien de l’Union des petites et
moyennes industries (UPMI) et de quelques entreprises de la région (Masmoudi, Sopal, Siam, Triki…).
Conseiller du Commerce extérieur
de la France, ce Niçois d’origine sfaxienne ne cache pas son agacement.
Confronté au « centralisme de l’État tunisien », il peine à se faire
entendre. Et pourtant, située à 270 kilomètres de Tunis, sur le golfe de Gabès,
la région de Sfax (1,3 million d’habitants) est le deuxième pôle économique du
pays. Puissante dans les phosphates, la pêche, l’agroalimentaire (80 % des
exportations tunisiennes) et le gaz (80 % de la production nationale), elle
dispose d’un tissu de sous-traitants automobiles de taille moyenne et de
mécanique de précision.
Preuve de ce centralisme forcené,
le maintien du projet de port en eau profonde d’Enfidha, au nord de Sousse.
« Un projet conçu du temps du dictateur Ben Ali uniquement par
jalousie parce que les Marocains avaient créé TangerMed », s’insurge
Naämen Bouhamed. Selon lui, le port d’Enfidha ne serait donc pas viable, alors
que le développement du pôle de Sfax-Skhira (à 88 kilomètres au sud)
offrirait un double avantage : l’évacuation de toutes les productions
réalisées au sud de Sousse et, corollaire, le désengorgement de Radés, le grand
port de la capitale, au nord.
Deux autoroutes entre Sfax et Kasserine et Skhira et Gafsa
Président d’une société
d’accompagnement international à Nice, Alwen International, spécialisé dans les
marchés arabes, et de l’entreprise de conseil MBCI (Mediterranean Business Consulting
International) à Sfax, Naämen Bouhamed préconise
aussi la fondation d’une zone industrielle internationale autour de Sfax et de
deux parcs pour l’industrie agroalimentaire au nord de la ville et à l’est à
mi-chemin de Sidi Bouzid, la localité d’où est partie la Révolution du 14
janvier 2011.
Construire une autoroute entre
Sfax et Kasserine, via Sidi Bouzid, permettrait aussi de désenclaver des zones
défavorisées, oubliées sous l’ancien régime. Tout comme une autoroute entre
Skhira et la zone minière de Gafsa. Skhira est le port pétrolier et chimique du
sud, d’où sont à l’heure actuelle exportés les phosphates. « Tout en
développant un port commercial complet dans cette ville, il nous faut également
développer un aéroport international, car les ouvrages actuels, que ce soit à
Sfax, Gabès ou Gafsa, ne fonctionnent pas », assure Naâmen Bouhamed.
Une usine d’acide et des engrais pour le marché indien
C’est à Skhira, rappelle-t-il,
que la
Compagnie de Phosphates de Gafsa (CPG), le Groupe Chimique tunisien (GCT) et deux
entreprises indiennes, la GSFC (privée) et la CFL (publique), ont créé Tifert
(Tunisian Indian Fertilizers), une usine d’acide phosphorique d’une capacité de
production de 360 000 tonnes par an, devant également fournir le marché indien
en engrais pendant 30 ans.
Au début de l’année, l’ancien
Premier ministre tunisien Hamadi Jebali s’était rendu à Tripoli. Compte tenu de
la proximité géographique et de leur connaissance du terrain, les Tunisiens
considèrent la Libye comme un marché prioritaire. « Sfax est la porte du
désert », répète Naâmen Bouhamed, qui croit en l’éclosion de Sfax et
Tripoli comme métropoles méditerranéennes. Bonne nouvelle, le tronçon autoroutier de 155 kilomètres entre
Sfax et Gabès sera terminé en 2014, rapprochant ainsi encore plus la Tunisie et
la Libye.
François Pargny
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