La question n´est plus de savoir si l´once d´or atteindra les 1000 dollars l´once mais quand. En effet, ce que l´économiste Keynes avait appelé «la relique barbare» n´a jamais autant brillé depuis plus de 20 ans. Lundi dernier, l´once d´or a atteint 989,54 dollars sur le London Bullion Market tirant l´argent dans son sillage qui a atteignait 20,59 dollars l´once pour la première fois depuis 27 ans.
Les raisons de la hausse continue depuis le printemps dernier sont multiples : un dollar faible, un euro de plus en plus fort qui a même dépassé les 1,52 dollars hier (rendant attractifs les prix libellés en dollars comme ceux des métaux précieux), le baril de brut qui voisine régulièrement les 100 dollars, la hausse généralisée des matières premières, la crise des crédits immobiliers Outre-Atlantique qui a mis à mal les grandes banques, des bourses chahutées et inquiètes, l´attirance des métaux précieux comme placements «anti-inflation», et les problèmes d´alimentation électrique qui ont perturbé la production d´or dans les mines sud-africaines (15 à 20% de la production mondiale, 38% des réserves).
Il faut également y ajouter un phénomène nouveau qui est l´achat d´or dans les pays émergents car les épargnants font face à deux menaces : une dévaluation possible de leur monnaie et une baisse du dollar, devise dans laquelle ils placent souvent leur patrimoine. Donc l´once d´or devrait atteindre les 1000 dollars l´once dans quelques jours ou quelques semaines, selon les analystes. Dans une interview donnée aujourd´hui à l´AGEFI, le vice-président de la maison genevoise MKS, est catégorique : «Alors que nous anticipons la poursuite de l´affaiblissement du dollar, au moins jusqu´à l´été, nous nous attendons à une sixième année marquée par une appréciation de l´or comprise entre 15 et 30%».
Enfin, à noter que la hausse est encore plus vertigineuse et accélérée pour un métal précieux produit à 75% en Afrique du Sud : le platine. L´once est déjà à 2301,50 dollars l´once et tout le monde s´attend à le voir atteindre très rapidement les 2400 dollars.
Lingots français, attention
Pour autant, ne vous précipitez pas pour acheter un lingot, du moins en France. Il y a d´abord une fiscalité confiscatoire (27% des plus-values, abattement de 10% par an à partir de la troisième année de détention, exonération au-delà de 12 ans. Si on ne peut justifier la date d´acquisition ou le prix de revient, il y a une taxe équivalente à 8% du montant de la transaction). En outre, les lingots français sont réputés de mauvaise qualité (irrégularités, traces de moules, pire même, le degré de pureté et le poids varient énormément dans la fourchette légale). A l´inverse, les lingots sud-africains ou suisses sont mieux finis, pèsent exactement 1000 grammes et respectent strictement le même degré de pureté (995 grammes d´or sur 1000). Autant dire que vos lingots français ne sont négociables qu´en France.
En revanche, la Suisse, outre la qualité de ses lingots, offre plusieurs avantages : la possibilité d´en acheter aux comptoirs des grandes banques même si on n´est pas client, le «compte-métal» (une particularité suisse) qui est un titre d´achat d´or, échangeable à tout moment contre de l´or physique puisque la banque doit garder dans ses coffres l´or acheté par ses clients, et le secret bancaire. Il faut se souvenir que la Confédération Helvétique est née en 1291 du refus de payer l´impôt aux Habsbourg et conserve une certaine allergie à la taxation.