Les premières élections libres en Mauritanie auront été de courte durée (17 mois).
Le 6 août 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien chef de la garde présidentielle, a déposé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. La tension politique couvait depuis plusieurs mois et un bras de fer s´était engagé avec les militaires, qui avaient pourtant soutenu sa candidature.
Le mécontentement a grossi jusqu´à la menace, en juin, du dépôt d´une motion de censure au Parlement. Suite au limogeage de commandants des forces armées, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a pris le pouvoir par la force, mais sans effusion de sang, faute d´avoir réussi à faire démissionner Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Le pays, dirigé par un Haut conseil d´État avec un Premier ministre civil, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, et des institutions restées en place, est suspendu à la décision de Mohamed Ould Abdel Aziz de se présenter aux prochaines élections présidentielles, prévues sous 12 à 14 mois.
La suspension de l´aide internationale pourrait être très préjudiciable à l´économie mauritanienne qui avait retrouvé un certain souffle. Retour des donateurs, 2,1 milliards de dollars promis en décembre 2007, renégociation de la dette avec les pays arabes, confiance regagnée des investisseurs à l´exemple des banques françaises Société Générale et BNP Paribas, qui s´y sont installées. En revanche, dans le domaine pétrolier, la déception est au rendez-vous. Le champ de Chingetti, opéré maintenant par le malaisien Petronas, ne donne que 15 000 barils/jours. Cependant, d´autres opérateurs, comme Total et Tullow Oil, prospectent.
Parallèlement, porté par la hausse des cours, le secteur minier – le fer mais aussi l´or et le cuivre – a enregistré de bonnes performances. La Société nationale industrielle et minière (SNIM) a produit un record historique de 11,815 millions de tonnes (Mt) de fer en 2007 pour une valeur de 557 millions de dollars. En outre, elle a conclu plusieurs accords, notamment avec Arcelor Mittal (en janvier 2008) pour le projet d´El Agareb, avec l´australien Sphere Investments pour Guelb el Aouj, et avec le chinois Minmetal à Tazadit. Néanmoins, après le coup d´État, Industries Qatar s´est retiré du projet de Guelb El Aouj.
Le récent renouveau du secteur touristique marque fortement le pas. Plusieurs attentats terroristes ont provoqué une réduction sensible des arrivées touristiques à 5 000 cette année, soit moitié moins qu´en 2007. Du côté de la pêche, l´Union européenne a finalement versé fin octobre au gouvernement mauritanien l´enveloppe de 86 millions d´euros, contrepartie annuelle des accords de pêche liant Nouakchott à Bruxelles.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil