Djibouti, dont le socle économique continue à reposer sur l´activité de son port, devait accuser une croissance de 5,9% en 2008, stimulée par des investissements étrangers considérables dans les services et le BTP : la part de ces investissements dans le PIB est passée de 23% en 2005 à 42% en 2007.
Pourtant, les coûts de l´électricité et du travail, notamment, demeurent élevés tandis que la qualification de la main-d´œuvre et l´environnement institutionnel sont faibles.
La bonne conjoncture a donné un coup de fouet aux recettes fiscales (+ 6% ; 35% du PIB) et stimule fortement le budget de l´État (+ 5%). Rappelons que les forces française (9 000 hommes) et américaine stationnées contribuent pour 8% au PIB et 19% au budget de l´État. Mais l´inflation est préoccupante, à 13,9% en juin sur les 12 mois précédents, et a conduit le gouvernement à décider d´éliminer des taxes à la consommation sur 5 produits de base et à s´entendre avec les détaillants pour limiter leurs marges.
Une politique qui a l´approbation du FMI. Celui-ci lui a accordé en septembre 2008 un prêt sur trois ans de 20 millions de dollars avec une première tranche de 6 millions de dollars décaissée afin d´aider le gouvernement à faire face aux chocs des prix pétroliers et alimentaires. Au-delà, il s´agit pour les autorités d´essayer d´étendre les effets bénéfiques des investissements au-delà du seul port et des services et industries qui lui sont liés. Le mois suivant, le Club de Paris a restructuré 76 millions de dollars de sa dette extérieure : le service de sa dette a chuté de 85 millions à 19 millions de dollars.
La position géographique exceptionnelle de Djibouti a continué en 2008 à être un facteur majeur d´investissement. Certains projets sont très surprenants, comme celui de Middle East Development qui entend construire un pont de 28,5 km de long sur la mer Rouge, reliant le Yémen à Djibouti. Le pont serait routier mais aussi ferroviaire. Il permettrait en outre d´acheminer de l´eau potable et du gaz naturel. Un projet pharaonique de 14 milliards de dollars et qui s´échelonnerait sur 15 ans. La société devait investir au moins 10 milliards de dollars et chercher le reste auprès d´investisseurs et d´institutions financières.
Plus sobre, le port de Doraleh a connu de nouveaux développements en 2008, avec l´inau-
guration en septembre du nouveau terminal d´une capacité de 3 millions de conteneurs. Le solaire a également été à l´ordre du jour avec la société chinoise Poly Group qui a remporté en mai un contrat pour équiper plusieurs infrastructures du pays.
Parmi les investisseurs qui prennent pied à Djibouti, OilLibya a marqué son entrée avec le rachat du réseau de distribution de Royal Dutch/Shell.
Au plan politique, le conflit frontalier qui a opposé en juin Djibouti à l´Érythrée pour le contrôle de la péninsule stratégique sur la mer Rouge a fait de nombreuses victimes. Le Conseil de Sécurité de l´ONU et la Ligue arabe ont tous deux condamné l´Érythrée et demandé le retrait des troupes.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil