Île Maurice: baisse des investissements étrangers en 2008

L´île Maurice devrait connaître une croissance de 5,4%, en baisse de seulement 0,2% par rapport aux prévisions, selon la Banque centrale.

En revanche, l´inflation atteint 9,9% mais devrait baisser durant le premier semestre 2009. Si tout va bien. En d´autres termes, si le tourisme et les secteurs tirés par l´exportation se redynamisent. Or, les investissements directs étrangers (IDE) et les flux d´investissements de portefeuille, qui avaient considérablement augmenté en 2006 et 2007, ont baissé en 2008.

Au premier semestre, le secteur bancaire se portait bien (+22% pour les bénéfices, +23% pour les dépôts), tout comme le secteur transport. Le trafic fret à Port-Louis a atteint le record des 6,4 millions de tonnes (Mt), entre juillet 2007 et juin 2008, soit, il est vrai, avant la récession mondiale. Ceci conforte les autorités dans leur projet d´en faire un hub régional. Fin novembre, le nouveau quai pétrolier (19 millions de dollars) devait être opérationnel, permettant à des tankers de 55 000 t d´accoster. Un terminal pour navires de croisière est à l´ordre du jour pour 2009.

La croissance du secteur touristique sur l´année ne devait être que de 4% contre les 8% attendus. Au premier semestre, le nombre de touristes européens (65,7% du total) a progressé de 4,3%, les Français en tête. Notons que le groupe Four Seasons a ouvert le 1er octobre un complexe touristique à Anahita.

Un des grands défis de Maurice est son secteur sucrier. Sa production 2008 atteint 460 000 t (+5,5% sur 2007), mais la filière est inquiète par la baisse de 36% du prix qui lui sera payé sur le marché européen à partir de la mi-2009. Toutefois, le numéro un européen du sucre, l´allemand Suedzucker, a signé en juin 2008 un contrat pour l´importation annuelle de 400 000 t de sucre mauricien entre 2009 et 2015, soit la quasi-totalité de la production de l´île. De son côté, le gouvernement a annoncé un très ambitieux programme d´énergie renouvelable (sucre, déchets, éolien, solaire, eau de mer, capture d´émission de gaz) tendant à fournir, d´ici 2015, 40% de l´énergie mauricienne.

Maurice renforce aussi sa production d´éthanol, dont les exportations se sont élevées, en 2007, à 15 millions de litres. Ceci n´empêche pas les négociations entre Central Electricity Board et CT Power d´avoir bien avancé en : une centrale à charbon devrait être opérationnelle en 2011.

Au plan agricole, le gouvernement a signé un accord début 2008 avec le Mozambique afin d´allouer à des agriculteurs mauriciens 5000 hectares de terres dans la région de Beira. Des accords semblables existent avec Madagascar et la Tanzanie.

Le secteur textile est mis à mal par la crise, l´appréciation de la roupie face à l´euro et à la livre sterling et par des taux bancaires qui avoisinent les 12%. Les ventes de textiles ont baissé de 12% à 15% en octobre 2008, augurant mal les perspectives pour 2009. Et si la baisse du coût du fret maritime est un élément important pour l´île, le raffermissement du dollar en fin d´année a annulé en partie son effet positif.

Enfin, la Chine est en négociation pour la création (730 millions de dollars) d´une zone commerciale à Terre Rouge – Shanxi Tianli Enterprises business park – qui accueillerait une douzaine d´entreprises chinoises. Port-Louis avait sollicité la Chine, en mai 2008, pour financer deux projets d´infrastructure (380 millions de dollars) destinés à décongestionner l´aéroport et la capitale.

Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil