Il fut un temps, dans les années 1990 et 2000, où les entreprises des pays développés investissaient massivement dans les pays émergents, s’engouffrant dans les brèches ouvertes par la mondialisation. Les temps changent. Désormais, « les pays émergents investissent plus dans les pays matures que l’inverse » souligne le cabinet PwC en présentant les résultats d’une nouvelles études sur les tendances des investissements et des opérations de fusion-acquisition dans le monde, « Resetting the Compass: Navigating success in deal-making for mature market sellers and high growth market buyers. »
161 milliards investis en 5 ans par les entreprises des pays émergents
Sont retenus comme marchés à forte croissance par l’étude la Chine,
l’Inde, les États du Golfe et l’Arabie Saoudite, la Russie et le Brésil.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Australie, le Japon et
le Canada constituent quant à eux les marchés matures. Les montants font en effet réver : entre 2008 et 2012, malgré la crise
qui secouait le monde développé, les pays à forte croissance (autre nom
des pays émergents) ont investi 161 milliards de dollars dans les
marchés matures; en sens inverse, des pays matures au pays en forte
croissance, le montant a atteint 151 milliards de dollars.
Et la
tendance se poursuit, affirme PwC, « notamment par les acheteurs
chinois ». Rien qu’en 2012 , les pays à forte croissance ont réalisé 32,6
miliards de dollars de transactions dans les marchés matures, un montant près de trois fois supérieur à celui de 2005… Un bémol toutefois : même si ces chiffres sont en forte croissance, les acquisitions des pays émergents dans les marchés matures ne représentent encore que 1,5 % du total des fusions-acquisitions dans le monde et 5,3 % des
opérations transfrontalières.
Pour PwC, un « renversement de tendance »
Mais PWC parle de renversement de tendance, « de nature à insuffler une dynamique nouvelle aux fusions-acquisitions internationales au cours des prochaines années », d’autant plus que les investisseurs des pâys émergents sont de plus en plus privés. En effet, selon l’étude, « si les investisseurs à capitaux publics ont été les premiers à se porter acquéreurs de cibles sur les marchés matures, les entreprises privées de taille importante, voire moyenne, leur ont emboîté le pas ». La même tendance serait à l’oeuvre sur le marché des actions.
Au plan sectoriel, les investissements se diversifient, sans qu’une grosse dominante se dégage : « les secteurs ciblés sont de plus en plus nombreux, couvrant tout l’éventail des industries et des services, de
l’énergie aux biens de consommation, en passant par les matières premières, l’ingénierie, les médias et la
distribution » indique PwC.
Elles ont aussi de l’ambition
Les entreprises issues de marchés à forte croissance cherchent fréquemment à renforcer leur position sur leur marché national en acquérant une technologie et une expertise de pointe ou en investissant dans des marques de réputation internationale, ajoute le cabinet.
Mais attention, elles ont de l’ambition : « en investissant dans des réseaux de distribution, des marques et savoir-faire bien établis, ces entreprises offrent à leurs produits des débouchés dans de nouveaux pays, commente Nicolas Granier, avocat associé chez Landwell & Associés (membre du réseau international PwC), en charge des Transactions dans les pays émergents. De plus en plus d’entreprises issues de marchés à forte croissance ont déjà entamé cette transition d’un leadership national vers un leadership mondial. Les fusions-acquisitions stratégiques leur permettent d’accélérer ce processus. »
Comment s’adapter à cette nouvelle situation ? Comment faire en sorte qu’une transaction avec une entreprise issue d’un pays émergent réussisse ? Voici un nouveau boulevard pour les cabinet d’audit et de consultant. PwC, dans cette étude, livre quelques préconisation utiles sur le problème des écarts de valorisation, de la définition d’un calendrier pour le processus de transaction, de la relation à instaurer avec les décideurs, des différences de procédures à aplanir…
CG
Pour en savoir plus
Lire l’étude, dans le fichier pdf attaché à cet article
Ou aller sur le site de PwC, qui a aussi fait une présentation viédo (en anglais) : www.pwc.com/