Signe des temps -et plutôt bonne nouvelle compte-tenu de la conjoncture déprimée en Europe-, l’Asie pèse
presque autant aujourd’hui que l’Union européenne (UE) dans les exportations de
vins de bordeaux. De fait, d’après le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux
(CIVB), qui présentait le bilan 2012 de la profession, le 19 mars à Paris, la
zone émergente a représenté l’an dernier 39 % des volumes exportés et 37 % de
la valeur, pendant que l’UE à 26
a compté pour 42 % des quantités livrées hors de France
et 38 % en valeur.
Plus encore, le Chine était le
premier débouché extérieur en volume, avec 538 000 hectolitres (hl) en
2012, en hausse de 23 % en un an, loin devant l’Allemagne, avec 255 000
hl, un chiffre en baisse de 7 %. Devant Hong Kong (242 millions d’euros de
bordeaux en 2012), elle occupait aussi
le deuxième rang en valeur, avec un montant d’exportations de vin de bordeaux
de 338 millions d’euros, en hausse de 1 % sur 2011. Le Royaume-Uni arrivait en
tête des pays clients étrangers, avec un chiffre en très forte hausse, de 42 %
exactement, à 420 millions d’euros.
Le juste prix est pratiqué
Les grands crus et les primeurs
qui sont réexportés dans le monde entier à partir du Royaume-Uni expliquent
cette effervescence outre-manche. En Chine, la saga des Château Lafite n’est
pas prête de s’éteindre. Pour autant, le CIVB note que dans ce pays « la
progression s’accompagne d’une évolution de la structure plus favorable aux
vins d’entrée et moyenne gamme ».
Georges Haushalter (notre photo),
qui préside le Conseil interprofessionnel, reconnaît que « certains prix
dans le haut de gamme sont volatiles ». Mais pour lui, le prix du bordeaux
dans le monde « n’a pas à diminuer ». D’après ses calculs, une
bouteille est vendue en gros cinq euros prix de départ, ce qui donne pour le
consommateur 15 à 20 euros en moyenne, en intégrant la TVA et les frais
commerciaux.
« En Chine, bordeaux a
progressé en peu de temps, mais il n’y a pas encore une grande connaissance de
notre vin chez les professionnels et les consommateurs », observe encore Georges
Haushalter. Peu inquiet du ralentissement de la croissance économique dans ce
pays, le président du CIVB estime qu’il faut « continuer à y effectuer un
travail de fonds ». Et ce d’autant plus, insiste-t-il, que « la
consommation de bordeaux, malgré sa progression, y reste marginale ».
Entre 2000 et 2012, les exportations de bordeaux sont passées de zéro à 23 % du
total en Chine.
Exportations globales : + 9 % en volume, + 16 % en valeur
Globalement, les exportations
bordelaises ont gagné 9 % en volume et 16 % en valeur. Avec 2,36 millions
d’hectolitres pour une valeur de 2,28 milliards d’euros l’an dernier, ce sont
ainsi 42 % de la production qui sont commercialisés hors de l’Hexagone. En
valeur, cette part est supérieure, dépassant 53 %.
Malgré les bonnes performances de
2012, Georges Haushalter juge la situation difficile. « La conjoncture est
préoccupante et l’année 2013 devrait être particulièrement dure en France et en
Europe ». Le président du CIVB ne croit pas à l’arrivée de nouveaux
marchés, d’autant qu’avec 5,5 millions hl produits en 2012, bordeaux a
quasiment épuisé son potentiel, qui atteint 6 millions hl. « Ce sera une
année sans perspective de relance », croit-il. Et, comme un chef de
guerre, Georges Haushalter pense que « là où les habitudes de consommation
s’adapteront forcément au pouvoir d’achat », la seule possibilité de
progresser sera de conquérir « des parts de marché sur ses
concurrents ».
François Pargny
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