Le projet paraît aussi fou que pouvait l´être au 19ème siècle le percement du canal de Suez. La proposition émane du grand groupe de BTP saoudien bin Laden, dirigé par le demi-frère du célèbre terroriste islamiste.
La première phase consisterait à construire un pont de 3,5 km jusqu´à l´île yéménite de Perim et un autre de 4 km jusqu’à Bab el Mandeb («les portes de l´enfer» en arabe, en fait le détroit séparant Djibouti du Yémen, qui est aussi la sortie sud de la Mer Rouge). La phase II consisterait à construire un pont de 21,5 km jusqu´à Djibouti (dont 13 km en suspension et 8 km posés sur des pylônes enfoncés en mer).
Le financement coûterait 10 à 20 milliards de dollars et la construction pourrait durer sept à neuf ans. Le projet sera couplé à la création d´une ville nouvelle (le genre de projet qui est en ce moment très à la mode dans la Péninsule Arabique) qui serait baptisée en toute simplicité «Medinet An Noor» (Ville lumière). On peut supposer qu´elle serait au Yémen, à moins que ce soit à Djibouti (mais cela semble moins probable surtout qu´un deuxième port est en construction).
Outre le financement, quatre écueils se dressent face à ce projet : 1) le gouvernement de Djibouti n´a pas officiellement donné son accord; 2) l´intensité du trafic maritime dans la zone sans compter que le canal de Suez est en train de s´agrandir pour accueillir des navires plus gros ; 3) l´activité sismique qui est très forte dans la région ; 4) enfin, le projet pourrait concurrencer l´activité du port de Djibouti, géré par DP World (Dubaï).