Le scandale du « horsegate », qui a défrayé la chronique en mars 2013 dans toute l’Europe et provoqué un séisme dans les chaînes d’approvisionnement en viandes animales des abattoirs et usines de produits alimentaires, a fourni un excellent exemple de ce qu’une source d’approvisionnement mal maîtrisée peut provoquer de catastrophique.
Un détail a été frappant : les responsables de l’une des usines de préparation de la viande mise en cause en France ne connaissaient pas la signification du code douanier de la marchandise que cette usine était censée travailler – en vue de livrer plusieurs grands industriels des plats cuisinés surgelés – apposés sur les étiquettes des lots de « minerais » congelés roumains, voire sur les factures… Du moins c’est ce qu’ils ont affirmé. Et donc, ils ne pouvaient pas deviner que le numéro qui commençait par 0205 était un code douanier et non un numéro de lot et qu’il signifiait « cheval » et non pas « bœuf » (code douanier commençant par 0202 pour le congelé).
Nous attendons d’un importateur qu’il en sache un minimum sur sa marchandise
Qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi, c’est inquiétant : car ce que l’on peut attendre d’un importateur, d’autant plus de produits destinés à l’alimentation, c’est tout de même qu’il en sache un minimum sur le décryptage des informations apposées sur les documents qui concernent sa marchandise… En l’occurrence ce fameux code douanier, qui relève d’une nomenclature douanière internationale standardisée et harmonisée, la SH au plan mondial (à 6 chiffres) décliné en Europe par la NC (nomenclature combinée, à 8 chiffres), est le système de base d’identification de toute marchandise pour savoir de quel régime douanier elle relève (voir étape 3 de notre guide). Sinon, c’est de la légèreté, voire de l’incompétence.
Car nous importons de tout : biens de consommation, produits industriels semi-finis et finis, intrants agricoles, biens d’équipements, pièces détachées, composants chimiques, composants et matériels électroniques, outillages, fleurs coupées, légumes de contre saison, hameçons de cannes à pêche…
Au total, nos importations ont atteint 509 milliards d’euros en 2012, en provenance du monde entier. On estime globalement qu’en Europe, les achats pèsent en moyenne pour 60 % du chiffre d’affaires des entreprises. La part des produits importés dans nos propres exportations (442 milliards en 2012) est sans doute supérieure.
Dans ce contexte, les entrepreneurs ne doivent pas traiter l’import à la légère ! Nous le disions déjà dans la première édition de ce guide, l’an dernier : la maîtrise des risques et des techniques du sourcing et de la chaîne d’approvisionnement – la supply chain – qui découlent de cette internationalisation, l’optimisation de la politique d’importation en fonction d’un projet stratégique bien défini, sont non seulement des atouts pour son projet d’entreprise, mais aussi une source d’efficacité et de différenciation vis-à-vis de la concurrence. Les enjeux sont d’autant plus importants pour les PME qu’elles sont souvent fragiles financièrement et que beaucoup ne survivraient pas à des incidents à la « horsegate » (on peut en citer d’autres dans les jouets, ou l’automobile), qui provoquent des arrêts prolongés de leurs activités.
D’où l’utilité de ce guide sur les dix étapes de l’import, complément indispensable de notre Guide l’Export en dix étapes (1). Nous y proposons des réponses concrètes et précises aux questionnements d’entrepreneurs qui en sont à leurs débuts en matière de sourcing international et d’import.
Petit florilège : par où commencer ? Comment être sûr que ce fournisseur est fiable ? Que dois-je prévoir dans mon cahier des charges ? Comment éviter les escrocs ou les contrefacteurs ? Qu’est-ce que l’origine d’un produit et pourquoi est-ce important ? Comment payer mon fournisseur avec un crédit documentaire ? Dois-je me préoccuper du choix du transporteur ? Quelle est la loi qui s’applique au contrat d’achat ? Quelles sont les procédures de dédouanement ? Où puis-je trouver de l’info, du conseil ?
Les sept auteurs de ce guide, tous et toutes professionnel(le)s de terrain chacun(e)s dans leurs spécialités, fournissent les réponses à ces questions et à bien d’autres dans chacune des étapes. Tout chapitre peut être lu indépendamment des autres, mais tous correspondent à des questionnements qui surgissent, un jour ou l’autre, sur le chemin de l’importateur débutant : stratégie, sourcing et recherche de fournisseur, maîtrise du produit (espèce, valeur, origine), contrat d’achat, aspects logistiques, contrôles qualité, transport, dédouanement, communication, recrutement de personnel dédié.
Christine Gilguy
(1) L’export en 10 étapes, 3ème édition 2013 (novembre 2012). Cliquez ici pour vous le procurer.
Pour lire en ligne « L’import en 10 étape, 2ème édition 2013″, cliquez ici