Malgré la crise, le Royaume-Uni reste un pays attractif pour les entreprises françaises avec des secteurs particulièrement porteurs tels que les NTIC, les biotechnologies ou encore les énergies renouvelables. La perspective des prochains jeux Olympiques qui vont se tenir à Londres en 2012 augmente encore l´intérêt du pays. Mais attention aux apparences : bien que proche de la France géographiquement, le Royaume-Uni a ses propres règles dont il faut tenir compte pour réussir. « Le Moci » vous indique les écueils à éviter et les recettes du succès, notamment à travers le parcours de l´implantation de cinq PME.
Les chiffres sont là pour en témoigner : les investissements directs étrangers (IDE) français au Royaume-Uni (RU) sont en nette augmentation. Sur l´année fiscale 2008-2009, le Royaume-Uni a accueilli 101 projets d´implantations d´entreprises françaises, soit 15 % de plus qu´en 2007/2008, selon l´UKTI (UK Trade and Investment), l´organisme en charge à la fois de promouvoir les investissements étrangers au Royaume-Uni et les exportations britanniques.
Les IDE français sont largement portés par le secteur des NTIC, comme en atteste la répartition sectorielle de ces projets. Les logiciels et les TIC représentent à eux seuls 29 % du total. Viennent ensuite l´aérospatial (9 %), l´agroalimentaire (8 %), les biotechnologies, la santé et la chimie (7 %), les services aux entreprises (7 %), les services financiers (7 %), l´automobile (6 %), l´environnement (5 %), et l´énergie (5 %).
Comme l´explique Hervé Grella, chargé des relations publiques et du marketing du bureau parisien de l´UKTI, les Français sont particulièrement présents dans le domaine des logiciels, un secteur dynamique avec une croissance de plus de 5 % en 2008. Témoin, l´éditeur de logiciels Neolane, qui s´est implanté à Londres en 2005 (voir pages suivantes) ou, encore plus récemment, Exalead, leader européen des moteurs de recherche pour entreprises (voir « PME à l´international » dans ce numéro).
Ce secteur des NTIC est très porteur : il génère annuellement un chiffre d´affaires de 140 milliards d´euros, soit 10 % du PIB britannique. Conception de logiciels, création de bases de données, services aux entreprises… Le domaine regorge d´entreprises et de salariés français. Une des raisons en est l´excellente formation des ingénieurs français, en particulier en mathématiques, l´outil premier du marketing direct, très en vogue en ces temps de crise. Deuxième secteur de poids : les biotechnologies. Elles sont un des points forts de l´économie britannique.
Un succès en grande partie dû à l´excellence des formations et des pôles de recherche des universités locales. La ville de Cambridge concentre à elle seule 20 % de tous les prix Nobel de médecine et de chimie ! En outre, le secteur bénéficie du soutien des pouvoirs publics. Par exemple, une entreprise employant moins de 500 salariés peut déduire de l´impôt sur les sociétés 175 % des dépenses en R&D.
Enfin, troisième secteur important : les énergies renouvelables. Le gouvernement britannique mise sur les énergies vertes.
L´Écosse accueille d´ailleurs le premier centre d´essais au monde convertissant l´énergie des marées en électricité. Éoliennes, panneaux solaires… les projets sont nombreux, ambitieux et bénéficient d´une loi imposant aux fournisseurs d´électricité de produire un pourcentage annuel d´énergie propre. Pour 2008-2009, il atteint 9,1 % et sera porté à 15,4 % d´ici 2016. Le gouvernement britannique estime que cette loi apportera d´ici 2010 1 milliard d´euros par an à l´industrie des énergies renouvelables.
Chaque région britannique possède ses spécificités pour attirer les entreprises étrangères, mais Londres reste la destination la plus prisée. Avec une communauté française estimée entre 250 000 et 300 000 personnes, Londres est la septième ville française dans le monde. La communauté française est principalement concentrée dans les quartiers de Kensington, Chelsea, Westminster, Hammersmith et Fullham.
Entre janvier 2003 et août 2009, Londres a totalisé 97 projets d´investissement français. Les logiciels et les TIC ainsi que le secteur des textiles en concentrent la majorité (27 % pour chacun). Viennent ensuite les services aux entreprises (13,5 %), les produits de consommation (12,5 %), les services financiers (6,2 %) et la communication (5,2 %).
Mais attention aux écueils : l´installation au Royaume-Uni ne s´improvise pas. Ainsi, explique Anne-Sylvie Vassenaix-Paxton, avocate associée au cabinet Norton Rose, « il faut se faire conseiller, encore plus qu´en France, bien lire les contrats et n´apposer sa signature qu´en connaissance de cause ». La première erreur est « d´imaginer qu´au Royaume-Uni, tout est beaucoup plus facile qu´en France, notamment en ce qui concerne le droit social », poursuit-elle. Autre constat de François Vuillet, directeur des opérations internationales de HRA Pharma : « Souvent, on pense que créer une société en Angleterre peut se faire du jour au lendemain. C´est faux. Pour nous, cela a été assez long. »
Autre problème : l´ouverture d´un compte en banque, qui est plus qu´une simple formalité. Le plus pratique est de recourir aux filiales hexagonales d´HSBC et Barclay´s. Celles-ci trouvent dans leur réseau d´outre-Manche un conseiller pour accompagner les entreprises.
La baisse de la livre sterling par rapport à l´euro est un autre atout. Même s´ils restent relativement chers, des bureaux en plein centre de Londres deviennent accessibles. Cette baisse diminue aussi le coût de la main-d´œuvre. En revanche, elle pénalise les exportateurs français. Ainsi, constate Christophe Lecourtier, directeur général d´Ubifrance, « à cause de la dévaluation de la livre, le pouvoir d´achat des Britanniques en euros a diminué. Cela s´est traduit par une baisse de 30 % en valeur des exportations françaises au Royaume-Uni au premier trimestre 2009 par rapport au premier trimestre 2008 ». Mais, ajoute-t-il aussitôt, il existe une réelle marge de progression pour les Français. Les jeux Olympiques de 2012 ouvrent de larges perspectives pour les entreprises françaises. Les autorités olympiques devraient délivrer des contrats directs pour environ 6 milliards de livres. Plusieurs autres manifestations se profilent après les JO : les Jeux du Commonwealth qui auront lieu à Glasgow en 2014, et la coupe du Monde de rugby en 2015.
Isabelle Verdier