A l’issue du deuxième conseil d’administration de la Banque publique d’investissement – qu’il faut s’habituer à appeler BPI France-, tenu à Paris hier 22 avril, le message que voulait faire passer Nicolas Dufourcq, chargé de la mission de préfiguration et futur directeur général de l’institution, était clair : « L’entreprise se construit à grands pas maintenant ». Et qu’en attendant la fin des derniers travaux de construction qui doivent se terminer en juin par le lancement de la marque elle même, les affaires continuent, qu’elles soient gérées par Oséo (socle de la future BPI Financement), le FSI, CDC Entreprises (socles de la future BPI Investissement qui associeront, en région, les FSI régionaux).
BPI Export sera aussi lancée en juin
BPI Financement, ce sera pour les crédits et garanties, BPI Investissement, ce sera pour les apports en capitaux. Reste le troisième département de la nouvelle institution qui sera bien dédié aux entreprises exportatrices ou en quête de soutien pour mener à bien un projet d’internationalisation : ce sera BPI Export, dont le lancement de la marque doit intervenir également en juin.
Lors de cette conférence de presse, une confirmation et une information ont été apportées sur ce volet de la BPI.
La confirmation concerne les chargés d’affaires d’Ubifrance, qui auront pour mission de fournir un conseil personnalisé aux entreprises porteuses de projets de développement à l’international. Quelque 45 doivent rejoindre BPI France d’ici la fin de l’année, cinq étant déjà en poste.
L’information concerne l’arrivée de Coface : quelque 18 chargés d’affaires de Coface intègreront également BPI Export à la suite, a précisé Nicolas Dufourcq, « d’un accord intervenu entre le directeur général de Coface et le directeur général de BPI France ». BPI Export doit en effet distribuer les différents produits de soutien à l’exportation gérés par Coface pour le compte de l’Etat, notamment en matière d’assurance prospection (Assurance prospection) et d’assurance-crédit.
Sur le terrain, les BPI régionales s’installeront dans les bureaux actuels d’Oséo et les directeurs régionaux d’Oséo en prendront la direction. Ils auront des délégations en matière de crédit, d’innovation et d’investissement.
« Nous avons un objectif clair : qu’aucun dossier ne reste orphelin »
Interrogé sur les éventuelles frictions à craindre entre les BPI régionales et les plateformes que sont en train de mettre en place certaines régions pour remplir leur nouveau rôle de pilote du développement économique et de l’internationalisation des entreprises, Nicolas Dufourcq s’est voulu rassurant : « Le mot a retenir est intelligence collective, a-t-il plaidé. On fonctionnera en réseau ». Il y aura des plateforme communes qui se matérialiseront par des sites Internet avec un « fléchage précis » des différentes possibilités de soutien proposées aux entrepreneurs. « Nous avons un objectif clair : qu’aucun dossier ne reste orphelin » a-t-il indiqué.
Alors que les Régions présideront les comités régionaux d’orientation des BPI, le patron de BPI France, qui a déjà effectué des visites dans 18 des 22 régions françaises, s’est félicité des « relations partenariales » déjà tissées par Oséo et le FSI sur lesquelles les BPI régionales vont pouvoir s’appuyer. Il a aussi redit que l’essentiel des décisions d’intervention -80 à 90 %- serait pris en Région.
Projet présidentiel phare censé apporter un nouveau souffle au pacte pour la compétitivité et pour l’emploi du gouvernement, et fournir un outil au redressement productif, le calendrier pour sa mise en place effective reste chargé pour ces deux prochains mois :présentation au Parlement de la « doctrine d’intervention » de BPI France (qui était l’objet du conseil d’administration d’hier), fusion effective des trois institutions qui la constitueront – un accord serait acquis entre Oséo et la CDC sur ce sujet-, validation de la nouvelle banque par diverses instances (dont l’AMF), accord avec les représentants du personnels des trois institutions, lancement des marques…
Ségolène Royale, vice présidente de BPI France, a rejoint Nicolas Dufourcq en cours de conférence de presse, étant retenue par une interview « en duplex » sur une chaîne de télévision. Une manière d’essayer de taire les spéculations quant à ses divergences de vues avec le directeur général, notamment sur la doctrine d’intervention de BPI France (Pétroplus, Florange…), avec les polémiques qui avaient surgi la semaine dernière par presse interposée. Un sujet sur lequel Nicolas Dufourcq s’était également employé à calmer le jeu en répétant : « Ca a été un très bon conseil d’administration ». La présidente de Poitou Charente a aussi minimisé la portée des incidents. « Tout va bien », a -t-elle résumé, tout sourire.
Christine Gilguy