La crise financière que traverse Dubaï World, maison mère de Dubaï Ports World (DP World), troisième opérateur portuaire mondial, pourrait peser lourdement sur les projets de certains ports du continent africain, où le conglomérat émirati a massivement investi ces dernières années.
Ce géant portuaire a repris le britannique P&O Ports il y a quatre ans, s´est allié à CMA CGM pour créer la joint venture PortSynergy (qui exploite notamment le Terminal de France, au Havre) et est impliqué dans une douzaine de projets internationaux, dont « London Gateway ». Au total, DP World exploite pas moins de 49 terminaux dans le monde, avec une politique de développement très axée sur le continent africain. Ces dix dernières années, DP World a en effet repris la gestion des ports de Djibouti, d´Alger et de Dakar. Quel avenir auraient ces ports si la maison mère de DP World ne parvenait pas à sorti de la crise financière qu´elle traverse ?
Kouraichi Thiam, ministre sénégalais de l´Economie maritime, de la Pêche et des Transports maritimes, est lui optimiste : «C´est une branche de la société Dubaï World qui s´appelle Nakheel qui a des difficultés. Tous les engagements pris par Dpw Dakar ont été respectés. Une fois que le contrat de concession a été signé, nous avons crée une société de droit sénégalais qui s´appelle Dpw Dakar et dans cette société, les 75 % vont à Dpw et les 25 % aux nationaux dont 10 % pour le Port de Dakar. Mais à ce jour, sur les 50 milliards qui ont été attendus, nous en avons eu 60 milliards, plus qu´on en espérait», a-t-il déclaré au journal Le Quotidien.
DP World ne serait pas concerné pas la restructuration de la dette de sa maison mère. Un argument qui est bien sûr également celui de DP World. Mohamed El Khoudr, directeur général de DP World Algérie, a ainsi déclaré à l´APS (l´Agence de presse sénégalaise) : « Il n´y a aucun impact sur nos activités en Algérie. Nous maintenons nos investissements et nos engagements conformément à toutes les clauses prévues par l´accord de concession de gestion ».
Mais un argument qui est aussi celui de Paul Tourret, directeur de l´Institut supérieur de l´économie maritime. « Le maritime est en crise, mais DP World n´est pas un actif “pourri” construit sur une bulle spéculative. La filiale constitue même le socle de rentabilité de sa maison mère et lui assure un fonds de roulement intéressant. De plus, le groupe portuaire a réalisé des investissements à des endroits stratégiques sur le continent, et ce n´est pas en Afrique que le trafic a le plus diminué. Son potentiel de croissance y demeure élevé », a-t-il déclaré à notre confrère Jeune Afrique.
Reste que l´avenir financier de Dubaï World, qui rencontre ses créanciers aujourd´hui, demeure incertain. Si l´impact de la crise qu´il connait actuellement sur les activités de DP World semble pour l´instant quasi nul, que dire de l´avenir ? En ces temps de disette financière, quels investissements portuaires seront maintenus ? Les projets de DP World sur le continent africain seront-ils toujours d´actualité dans six mois ? A l´heure actuelle, personne ne peut le garantir.
Sophie Creusillet