Les menaces de rétorsion de la Chine ne semblent pas
effrayer le Commissaire au Commerce qui envisage d’imposer des droits
antidumping de près de 50 % sur les importations de solaires chinois et leurs
composants. C’est la proposition que devait
faire Karel de Gucht à ses pairs mercredi 8 mai, lors de la réunion
hebdomadaire du Collège des Commissaires.
Si elle est acceptée elle sera
ensuite transmise aux experts commerciaux des Etats membres. « La
Commission a un dossier en béton », assurait, la semaine passée, une
source diplomatique à l’agence Reuters. Le Conseil pourrait dès lors donner rapidement
son feu vert pour une entrée en vigueur provisoire de la mesure d’ici au 6
juin.
Mais avant son application définitive, Bruxelles et Pékin auront encore 6
mois pour s’entendre sur une solution négociée. Un compromis que neuf
associations nationales de l’industrie photovoltaïque appellent de leurs voeux.
Menées par la Britannique Solar Trade Association, elles préconisent –
dans un courrier adressé à Karel de Gucht – le rejet des droits antidumping
contre les panneaux solaires chinois, et l’abandon des enquêtes antidumping et
anti-subventions à leur encontre. Selon leurs membres, de telles mesures auront
un impact immédiat sur les prix que les Chinois imposeront à leurs clients pour
les installations photovoltaïques.
Une guerre commerciale sans précédent se prépare
Pour la majorité des grands médias européens, c’est bien
une « guerre commerciale sans précédent » qui se prépare entre
Bruxelles et Pékin. Déjà sous le coup de plusieurs enquêtes visant ses
pratiques de concurrence déloyales dans d’autres secteurs, la réaction chinoise
est très attendue dans la capitale européenne. Mais pour les services du
Commissaire au Commerce il s’agit avant tout de réparer « un préjudice de
taille » subi par le secteur de l’énergie solaire au sein de l’UE.
En effet, à la
crise et aux restrictions budgétaires, est venu se greffer la concurrence
féroce des produits chinois à bas prix. Entre 2009 et 2011, la part de la Chine
est passée de 40 % à 68 %, entraînant une surproduction dans le secteur des
panneaux solaires à l’échelle mondiale. Autre argument évoqué par les
responsables européens pour justifier l’imposition de mesures
« proportionnées » : l’exemple américain. Alors que son industrie
solaire était confrontée aux mêmes difficultés, Washington a réagi plus
rapidement et façon plus musclée, en imposant – dès 2011 – des droits
antidumping aux panneaux solaires chinois pouvant atteindre jusqu’à 250%.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles