Publiées alors que les États-Unis ont suspendu pour trois mois les droits de douane réciproques annoncés début avril tout un maintenant un tarif général de 10 %, les prévisions annuelles de l’OMC anticipent une baisse d’entre 0,2 % et 1,5 % du commerce mondial de biens cette année. Ainsi qu’une réorientation des échanges.
La passe d’armes tarifaire engagée par le président américain avec le reste du monde, coûterait près de trois points de croissance aux échanges internationaux de marchandises cette année, selon le rapport annuel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Si cette dernière anticipe en effet un recul de -0,2 % « dans les conditions actuelles », il pourrait atteindre -1,5 % si les droits de douane « réciproques », suspendus jusqu’en juillet, étaient finalement adoptés.
Le contraste avec la prévision d’une hausse de 2,7 %, formulée avant l’investiture de Donald Trump et ses annonces de fortes hausses des droits de douane, est à la hauteur du séisme provoqué par la nouvelle politique commerciale de la première économie du monde. Le commerce extérieur des États-Unis, et du bloc qu’il forme avec le Mexique et le Canada grâce à l’accord commercial USMCA, devrait d’ailleurs être le premier à pâtir de cette bouffée de protectionnisme.
Diversification des exportations chinoises
Ainsi, les importations en Amérique du Nord devraient s’effondrer de -9,6 % cette année et leurs exportations de -12,6 %. Moins touchée, l’Europe devrait voir ses exportations augmenter de 1 % et ses importations de 1,9 %. Les achats et les ventes à l’international de l’Asie devraient toutes deux progresser de 1,6 %, soit moitié moins qu’anticipé.
Autre conséquence de cette guerre commerciale, les flux commerciaux sont appelés à se réorienter. « Les exportations chinoises de marchandises devraient augmenter de 4 à 9 % dans toutes les régions hors Amérique du Nord, en raison de la réorientation des échanges, note l’OMC. Dans le même temps, les importations américaines en provenance de Chine devraient fortement diminuer dans des secteurs tels que le textile, l’habillement et les équipements électriques, créant ainsi de nouvelles opportunités d’exportation pour d’autres fournisseurs capables de combler l’écart. »
Les importations de produits chinois aux Etats-Unis sont appelées à baisser drastiquement, en particulier dans les secteurs du textile et des équipements électriques, créant des opportunités pour d’autres fournisseurs.
Les services conservent leur dynamisme
Alors que, pour la première fois depuis 2017 (hors période de Covid), le commerce international avait enregistré une croissance (2,9 %) plus importante que celle du PIB mondial (2,8 %) en 2024, il n’en sera pas de même cette année, l’OMC tablant sur une croissance mondiale de 2,2 % en 2025 (et de 2,4 % l’an prochain), ce qui rejoint les tendances mises en exergue par d’autres organismes, dont l’OCDE.
Seule touche de lumière dans ce sombre tableau, les échanges de services, inclus pour la première fois dans l’étude annuelle de l’Organisation, ont bondi de +9 % en 2024 et devraient poursuivre sur leur lancée cette année. Les exportations devraient ainsi grimper de 4 % en 2025 et 4,1 % l‘an prochain. Cette dynamique sera impulsée par les économies européennes dont les exportations de services enregistreront cette année une hausse de 5 %.
Bien qu’ils ne soient pas soumis aux droits de douanes, les services pourraient néanmoins être affectés par la guerre commerciale actuelle, notamment dans les secteurs des transports et de la logistique qui pourraient pâtir de la chute des volumes.
Sophie Creusillet