Comme beaucoup de leurs homologues, les Européens espèrent profiter des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington pour faire avancer leurs négociations bilatérales avec l’administration Trump sur la question des droits de douane. Pour l’heure, la dernière visite de Giorgia Meloni, présidente du conseil italien, n’a pas levé leurs incertitudes. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
« Il y aura un accord commercial avec l’UE, c’est sûr à 100%, a affirmé le17 avril Donald Trump, au cours de la conférence de presse qui a suivi son entrevue avec Giorgia Meloni dans le Bureau ovale. Les Européens veulent vraiment un accord, et nous allons le conclure. Je m’y attends pleinement et ce sera un accord commercial équitable ».
La présidente du conseil italien, première dirigeante du Vieux Continent à se déplacer à Washington depuis le lancement du feu d’artifices protectionniste américain le 2 avril, a dû se contenter de cette déclaration optimiste du président américain, qui tranche avec les propos belliqueux et méprisants qu’il réserve habituellement aux Européens.
En dehors de ces paroles sympathiques et d’une vague promesse de visite officielle en Italie du président américain, la séquence diplomatique n’a guère apporté d’éclairage sur le futur de la relation commerciale transatlantique.
Pour l’heure, l’UE est frappée par des droits de douane américains de 25% sur l’automobile, l’acier et l’aluminium, et de 10 % sur ses autres produits exportés aux États-Unis. Ces dernières sanctions doivent être augmentées de 10 points supplémentaires le 11 juillet, dans le cadre des droits de douane américains dits « réciproques », si Washington et Bruxelles ne trouvent pas d’accord d’ici là.
Et en dépit des déclarations de M. Trump, cette perspective paraît toujours aussi incertaine.
« Il est désormais nécessaire que les États-Unis définissent leur position »
En début de semaine dernière, le commissaire au Commerce, Maroš Šefčovič, en déplacement à Washington, a réitéré son offre de suppression réciproque des tarifs sur les produits industriels et sa volonté de travailler sur la question des surcapacités mondiales en matière d’acier et d’aluminium. Sans succès.
« Il est désormais nécessaire que les États-Unis définissent leur position. Comme pour toute négociation, ce doit être un engagement à deux, avec chaque côté qui met quelque chose sur la table », a estimé le porte-parole de la Commission chargé des questions commerciales, Olof Gill, au lendemain de cette réunion.
L’entrevue entre M. Trump et Mme Meloni n’a pas permis d’y voir plus clair sur la position américaine.
Affirmant sa proximité idéologique avec le leader du mouvement « MAGA » (Make America Great Again), la dirigeante conservatrice a vanté les « efforts » de Donald Trump pour la paix en Ukraine, lui a assuré que l’Italie était disposée à augmenter ses dépenses en matière de défense et de politique migratoire, ainsi que les importations italiennes de gaz naturel liquéfié. Des promesses qui n’ont pas suffi à amadouer M. Trump, qui a expliqué ne pas être « un grand fan » de l’Europe.
L’Italie fait partie des pays ayant le plus à perdre, dans la guerre commerciale avec les États-Unis, son troisième partenaire commercial et le pays vers lequel elle réalise son plus gros excédent (+34 milliards d’euros en 2023).
Les droits de douane de 25 % sur les voitures, entrés en vigueur le mois dernier, devraient entraîner une forte baisse des ventes de véhicules italiens aux États-Unis, qui se sont élevées à 5,2 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros) l’année dernière.
Trump a également menacé à plusieurs reprises d’imposer des droits de douane « importants » sur les produits pharmaceutiques, ce qui pourrait gravement nuire à l’industrie pharmaceutique italienne, très orientée vers l’exportation.