Le gouvernement de Javier Milei a annoncé une réduction significative des droits de douane sur les importations de vêtements, de chaussures et de textiles. Cette mesure vise à faire baisser les prix locaux, stimuler la concurrence et soutenir la relance économique du pays, tout en marquant un tournant dans la politique commerciale protectionniste de l’Argentine. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Le gouvernement de Javier Milei a annoncé, vendredi 14 mars, une réduction des droits de douane sur les importations de vêtements, de chaussures et de textiles. L’objectif affiché : faire baisser les prix sur le marché local et stimuler la concurrence.
« L’Argentine reste le pays où les vêtements sont les plus chers de la région et du monde », a justifié le ministre de l’Économie, Luis Caputo. Pour y remédier, les droits de douane sur les vêtements et les chaussures passeront de 35 % à 20 %, ceux sur les tissus de 26 % à 18 %, et ceux sur les fils seront réduits à une fourchette comprise entre 12 % et 16 %.
Une étude citée par le ministre illustre l’ampleur du problème : en Argentine, un tee-shirt coûte en moyenne 310 % de plus qu’en Espagne et 95 % de plus qu’au Brésil ! Une veste y est vendue 174 % plus cher qu’en Espagne et 90 % plus cher qu’au Brésil. « Nous continuons à réduire les taxes et les droits de douane afin de favoriser la concurrence et de réduire l’inflation », a insisté Luis Caputo.
Alors que l’Argentine tente de se remettre d’une récession qui a fortement ralenti ses importations, cette ouverture, qui a commencé en août 2024 en réduisant le prélèvement sur les importations, marque une rupture avec une politique commerciale protectionniste. Selon l’agence nationale des statistiques, les importations ont bondi de 30 % au cours des six derniers mois, par rapport à la période précédente.
Chocs externes
La stratégie du gouvernement de l’ultra-libéral Javier Milei repose sur deux leviers : le renforcement du peso et l’assouplissement des restrictions aux importations. Selon le Financial Times, cette approche a permis de contenir l’inflation, mais elle expose le pays à de nouveaux risques. « En dépensant davantage de dollars à l’étranger et en peinant à constituer des réserves, l’Argentine devient plus vulnérable à un choc externe ou à une dévaluation brutale, qui réduirait à néant les progrès réalisés par Milei dans la lutte contre l’inflation », analyse le journal britannique.
Parmi ces risques figure la politique commerciale protectionniste des États-Unis. Le président Donald Trump a déjà brandi la menace de droits de douane réciproques. Une mesure qui pourrait lourdement impacter l’Argentine, dont les États-Unis constituent le troisième marché d’exportation, après le Brésil et la Chine, et le premier débouché pour son aluminium.
Actuellement, Buenos Aires applique une tarif douanier moyen de 6,2 % sur les produits importés des États-Unis, contre 2,5 % pour les droits de douane américains sur les produits argentins. Javier Milei s’est dit prêt à accepter une réciprocité totale.
« L’Argentine veut être le premier pays au monde à adhérer à cet accord de réciprocité que l’administration Trump demande en matière commerciale. Si nous n’étions pas limités par le Mercosur, nous travaillerions déjà sur un accord de libre-échange avec les États-Unis », a déclaré le président argentin, le 22 février, lors d’un événement du Conservative Political Action Committee.
Tarifs douaniers harmonisés
Mais cette ambition se heurte à un obstacle de taille : le Mercosur. L’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie ont en effet harmonisé leurs politiques tarifaires au sein de cette union douanière. Une dérogation serait donc nécessaire pour permettre à Buenos Aires de négocier un accord bilatéral avec Washington.
Selon Maximiliano Gutierrez, chercheur à la Fondation méditerranéenne, l’adhésion à la réciprocité commerciale prônée par Washington aurait des conséquences lourdes. « Si l’Argentine accepte la réciprocité, elle devra réduire de 60 % le droit de douane moyen qu’elle applique aux importations en provenance des États-Unis, faute de quoi elle devra faire face à une augmentation de 148 % du droit de douane que les produits argentins doivent payer pour entrer sur le marché américain », explique-t-il auprès du journal Infobae.
À défaut d’un accord au sein du Mercosur, Javier Milei, qui entretient des liens étroits avec Donald Trump, pourrait être tenté d’aller plus loin. Le président argentin a déjà fait savoir qu’il serait prêt à quitter l’union douanière sud-américaine pour signer un traité de libre-échange avec les États-Unis.