Malgré les droits de douane américains, les conflits, les difficultés du transport maritime et l’incertitude économique, la mondialisation ne faiblit pas montre le Global Trade Atlas, l’étude annuelle de DHL sur le commerce international. Au contraire, les échanges commerciaux devraient accélérer dans les cinq prochaines années.
Morte et enterrée la mondialisation ? Loin de là, constate selon la dernière édition du Global Trade Atlas réalisée par la Stern School of Business de l’Université de New York pour DHL. Cette somme, qui passe au crible des milliers de données permettant d’obtenir une vision panoramique du commerce international mais aussi pays par pays, observe une nette reprise des échanges en 2024.
Selon les projections de cette étude les échanges commerciaux internationaux qui ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 2,7 % entre 2014 et 2019, puis de 2 % entre 2019 et 2024, devrait accélérer à 3,1 % sur la période 2024-2029. Ils devraient donc croître plus rapidement au cours des cinq prochaines années qu’au cours de la précédente décennie. Et ce même si l’administration Trump venait à rendre effectives toutes les hausses de droits de douanes promises pendant sa campagne.
Pas d’incidence des droits de douane américains
Explication : les États-Unis représentent 13 % des importations et 9 % des exportations mondiales, soit, selon les auteurs de l’étude pas assez pour « décider unilatéralement du commerce mondial » mais « suffisamment pour que les politiques américaines aient des effets importants sur les autres pays ». Autre source d’inquiétude parmi les observateurs du commerce mondial : le découplage entre la Chine et les États-Unis.
Certes, les échanges entre ces deux grandes puissances sont passés de 3,5 % des échanges mondiaux en 2016 à 2,6 % au cours des 9 premiers mois de l’année 2024, mais la part de la Chine dans les importations américaines reste aussi élevée qu’ailleurs. Autre argument en ce sens : la baisse des échanges entre le bloc des pays « alliés » des États-Unis et celui du girond chinois observée en 2022 et 2023 ne s’est pas poursuivie en 2024.
Les échanges commerciaux ne se sont pas davantage régionalisés. En témoigne la distance moyenne parcourue par les marchandises : 5 000 km alors même que la part des échanges au sein de grandes régions est tombée à son plus bas niveau, soit 51 %.
Si les conclusions de cette étude plaident en faveur d’une poursuite de la mondialisation malgré les tensions géopolitiques, les difficultés rencontrées par les supply chains tous les pays ne sont évidemment pas logés à la même enseigne.
Inde, Vietnam, Indonésie et Philippines vont se distinguer
Dans les cinq prochaines années quatre pays vont ainsi se distinguer non seulement en termes de vitesse (taux de croissance de leurs échanges) mais aussi de volume (montant absolu).
Ainsi, avec 484 milliards de dollars (Md USD) prévus sur la période 2024-2029, l’Inde affiche le troisième montant absolu le plus élevé en termes de croissance des échanges prévue, équivalant à une hausse de 6 % des échanges internationaux du pays, derrière la Chine (+ 12 %) et les États-Unis (+ 10 %).
Dans sa fulgurante progression, l’Inde est rejointe par le Vietnam (+ 271,8 MD USD à l’horizon 2029), l’Indonésie (+ 195 Md USD) et les Philippines (+ 87,9 Md USD). Actuellement classé 68ème en termes de montant absolu, ce dernier pays devrait grimper à la 30ème place dans 5 ans.
Au plan régional, les équilibres actuels évolueront peu, selon les projections du Global Trade Atlas. La part de l’Asie de l’Est et du Pacifique dans le commerce mondial, qui était passée de 26 % en 2000 à 33 % en 2024, ne progressera que d’un point entre 2024 et 2029. Sur la même période, les parts de l’Amérique du Nord (16 % en 2024) et de l’Europe (36 %) fléchiront respectivement d’un demi-point.
Alors que ses fondements ont pu être remis en question de manière plus ou moins virulente depuis la crise sanitaire et ses effets sur les chaînes d’approvisionnement, force est de constater que le commerce international tient bon son gouvernail.
Sophie Creusillet