Bpifrance et IbanFirst ont annoncé le 18 février la conclusion d’un partenariat pour faciliter le remboursement des crédits export dans d’autres devises que l’euro. De quoi permettre à la banque publique du commerce extérieur de se monter flexible avec certains clients étrangers des exportateurs français.
C’est de la cuisine interne à Bpifrance mais la nouvelle est indirectement intéressante pour les exportateurs français qui utilisent son crédit export pour faire des offres financières en complément de leur offre technique et commerciale à l’export : leurs clients étrangers, qui empruntent auprès de Bpifrance pour régler leur achat (via un crédit acheteur, ou un rachat de crédit fournisseur) peuvent en effet trouver attractif de régler tout ou partie de leur dette dans une autre devise (y compris leur monnaie locale) que l’euro –seule monnaie autorisée pour Bpifrance-, lorsqu’elle leur est plus accessible que la monnaie européenne. En outre, ce faisant, ces importateurs limitent leur risque de change.
La banque publique du commerce extérieur vient donc de trouver une solution permettant de débloquer de telles situations. Elle a conclu un accord de partenariat avec IbanFirst, première plateforme française de paiement international qui vise, selon un communiqué commun publié le 18 février, à « faciliter le remboursement des crédits export octroyés à des emprunteurs étrangers sur certaines devises ».
Dans le cadre de cet accord, IbanFirst « offre ainsi à des contreparties étrangères ayant contracté un crédit export auprès de Bpifrance d’effectuer les remboursements dans leurs devises locales » précise le communiqué. Concrètement, dans de tels cas, la société de paiement international française assurera donc la conversion en euros des remboursements du crédit à Bpifrance.
Un outil de gestion au cas par cas
Pour Bpifrance, il s’agit de de se monter encore plus flexible et agile dans la gestion de ces crédits export, en soutien aux offres commerciales des entreprises françaises. « Les remboursements s’effectuant sur des durées longues de 5 à 7 ans et les taux de change pouvant évoluer durant cette période, il s’agit d’un outil de gestion qui sera utilisé au cas par cas, on est dans du cousu main » précise au Moci Lionel Barbadoux, responsable des financements structurés chez Bpifrance. Au final, « c’est le client emprunteur qui arbitre entre les différentes options qui s’offrent à lui », qu’elles passent par ses banques habituelles ou par IbanFirst.
Mais cela pourrait concerner quelques opérations chaque année, Bpifrance ciblant en particulier les opérations de rachats de crédits fournisseurs.
« Nous, nous intervenons en bout de chaîne, explique pour sa part William Gerlach, vice-président Account Management and Dealing d’IbanFirst. Les virements internationaux se sont démocratisés à l’intérieur de l’Europe grâce aux nouvelles régulations mais dans beaucoup de pays hors Europe, faire un virement en euro pour un bénéficiaire européen n’est pas toujours évident via le système bancaire local. Nous offrons une facilité supplémentaire aux clients étrangers de Bpifrance ». D’après lui, dans 95 % des transactions de commerce international, ce sont les importateurs qui sont exposés au risque de change.
Le crédit export de Bpifrance
Pour aider les entreprises françaises à proposer des solutions de financement à leurs clients étrangers, Bpifrance propose deux types de produits :
- un crédit acheteur de 5 à 25 M EUR en prêteur direct seul, et jusqu’à 75 M EUR en cofinancement.
- un rachat de crédit fournisseur entre 1 et 25 M EUR.
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L’activité crédit export de Bpifrance, orientée sur les projets des PME et ETI françaises, est en dents de scies car dépendant des contrats signés, plus long à négocier que les opérations du commerce courant, le plus souvent avec des acheteurs situés dans des pays émergents. Les remboursements s’échelonnent sur 5 à 7 ans.
En 2024, cette activité a reculé de – 18 %, à 270 M EUR, pour 11 entreprises exportatrices françaises. C’est toutefois mieux qu’en 2022, année du déclenchement de la guerre en Ukraine, ou le montant avait chuté de -72 % à 111 M EUR pour 13 entreprises. Pour les 4 prochaines années, Bpifrance a pour ambition d’octroyer un total de 2 Md EUR en crédits export (crédits acheteurs et rachat de crédits fournisseurs).
Christine Gilguy
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