Dans un contexte dominé par les incertitudes, les ministres en charge du Commerce extérieur et de l’économie et des finances ont réaffirmé avec force leur soutien aux projets export des entreprises lors de l’événement Bercy France Export, le 4 février. Parmi les nouveautés cette année, outre une politique de financement export ouverte, un bonus supplémentaire a été accordé aux PME de la transition verte.
« Allez-y à fond ! » a lancé Laurent saint-Martin, dans une vidéo pré-enregistrée en raison d’un déplacement en Pologne pour assister à un conseil européen des ministres du Commerce. Clôturant la matinée en plénière de Bercy France Export, le 4 février à Bercy, en présence d’un parterre de dirigeants d’entreprises, banquiers et consultants de l’export, il venait de rappeler que plus de 12 000 PME ont bénéficié, l’an dernier de prestations d’accompagnement export du dispositif public « Team France Export », générant 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires additionnels et qu’il fallait donc garder de l’ambition.
Le ministre délégué au Commerce extérieur et au Français de l’étranger, qui doit présenter la semaine prochaine un bilan 2024 qui sera encore marqué par un important déficit commercial, a également estimé que les outils devaient être « simplifiés » et confirmé que le président Emmanuel Macron convoquera en mai le premier conseil présidentiel sur le commerce extérieur.
L’hôte de Bercy, Eric Lombard, n’avait pas été en reste à l’ouverture. « La position de cette Maison, c’est un soutien total des entreprises et des entrepreneurs », a lancé le nouveau ministre de l’Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, en poste depuis seulement 6 semaines. Il s’est manifestement voulu rassurant concernant la constance du soutien export de l’Etat aux entreprises en cette période de fortes incertitudes, entre l’instabilité politique intérieure et les turbulences extérieures dont le protectionnisme de Donald Trump n’est pas la moindre. Il s’est d’ailleurs inscrit dans la droite ligne de ses prédécesseurs, avec sa volonté affichée de poursuivre un « agenda compétitivité engagé il y a dix ans » pour reconstituer l’appareil productif, et un lien désormais étroit tissé entre la stratégie de réindustrialisation et la stratégie de soutien à l’internationalisation des entreprises.
Soutien aux filières stratégiques
Eric Lombard a ainsi salué le fait que « plus de 110 entreprises ont structuré des projets d’export » dans le cadre du volet export de France 2030, dont la mise en œuvre a été confiée à Business France fin 2023, dans le cadre du plan « Osez l’export ».
Il a également cité les premières applications sur le sol national de la GPS, garantie de projet stratégique (gérée par Bpifrance assurance export), instrument réservé jusqu’en 2022 à des projets à l’internationaux mais dont le champ d’application a été étendu à des projets d’investissement en France ayant un fort impact sur le commerce extérieur : la gigafactory Verkor (en 2023), le projet d’exploitation d’un gisement de lithium dans l’Allier par Imérys (2024), ou encore, en 2024, l’investissement industriel du groupe Auber & Duval sur son site de Pamiers dans une presse de 6000 tonnes destinée à produire des pièces en titane de grande taille. Tous ces projets en bénéficient.
Eric Lombard a annoncé une poursuite de ce soutien de la GPS en 2025, évoquant notamment la filière hydrogène et les projets de transport maritime véliques. Il a également estimé nécessaire le renforcement de la base industrielle du secteur de la Défense (BITD) – un des secteurs qui bénéficient le plus des crédits export avec l’aéronautique et la construction navale – et salué les succès dans le secteur naval (3 paquebots commandés l’an dernier au Chantier naval de l’Atlantique) et diverses industries.
Le ministre a aussi cité le récent lancement par la France du Fonds Ukraine de 200 millions d’euros mis en place en juin dernier par la direction du Trésor et destiné à participer au financement de la reconstruction. « Une part trop importante des fonds à l’Ukraine servent à acheter des produits hors d’Europe » a dit le ministre. Une situation à rectifier. La quotité garantie par Bpifrance assurance export pour les projets export avec l’Ukraine a été relevée à 97,5%.
Le bilan 2024 des soutiens à l’export
–Assurance-crédit export :
Opérations : 177 ; Entreprises : 119 (+ 11,2 %, dont 10 % de PME et ETI) ; montant total (M EUR) : 19 000–Prêts du Trésor :
Projets : 11 ; montant total (M EUR) : 1400 (+ 150 %)
(Secteurs : transports, eau, santé, sport, tourisme)–Cautions et garanties préfinancement export :
Opérations : 563 ; Entreprises 401 (+ 2 %) ; montant total (M EUR) : 1400 (+32,8 %)–Assurance change :
Opérations : 178 ; Entreprises : 76 (+ 9 %) ; montant total (M EUR) : 828 (+7,1 %)–Fasep :
Projets : 46 ; montant total (M EUR) : 25–Assurance prospection :
Opérations : 1040 (-23,1 %) ; Entreprises : 1040 (-23 %) ; montant total (M EUR) : 246 (+14 %)Source : Bpifrance assurance export
Bonus pour les PME et ETI, politique de financement export ouverte
Pour 2025 également, Eric Lombard a annoncé un effort supplémentaire en faveur des PME et ETI de la transition écologique, avec l’instauration d’un « pilotage climat » des aides à l’export. En particulier, Bpifrance assurance export proposera désormais, dans ses offres d’assurance-crédit, une quotité garantie rehaussée de 95 à 98 % pour les PME. « On aurait aimé les 100 % mais c’est déjà pas mal » a confié au Moci le directeur financier d’une ETI opérant dans ces secteurs.
En outre, selon les précisions apportées par Magali Cesana, cheffe du service SABINE à la direction générale du Trésor, le champ d’application de ce « bonus » climatique va être élargi à de nouveaux secteurs tels que l’économie circulaire ou la biodiversité.
Magali Cesana a également annoncé que le dispositif de réassurance public Cap export serait réajusté cette année pour soutenir davantage les exportations de céréales françaises vers certains pays pour lesquels les exportateurs peinent à trouver des couvertures d’assurance-crédit.
La poursuite du soutien de l’Etat aux exportateurs se vérifie également dans la politique de financement export dont la carte pour 2025 a subi peu de modification, témoignant du maintien d’un politique de large ouverture, même si peu de détails ont filtré sur le montant des enveloppes de couverture réservées à chaque zone et marché. Un regret : la carte de la politique de financement export en ligne sur le site de la DG Trésor n’est plus interactive…
La PAC 2025, mode d’emploi
Pour rappel, la carte de la politique d’assurance-crédit export (PAC) utilise quatre couleurs ayant chacune une signification : rouge : fermé ; orange : ouvert sous condition ; vert clair : ouvert avec vigilance ; vert foncé : ouvert.
Malheureusement cette année, elle n’est pas interactive de sorte que l’on ne peut accéder aux détails des conditions.La carte est en ligne : cliquez ICI.
Deux pays font l’objet d’un durcissement avec une fermeture officielle du guichet du guichet des financement export : la Birmanie et l’Iran. Une fermeture très symbolique car peu d’entreprises s’aventuraient sur ces marchés sous sanctions internationales.
En revanche quatre pays ont bénéficié d’assouplissements : le Kirghizistan et le Kosovo, qui passent de la couleur orange (ouvert pour des cofinancement internationaux) à vert clair (ouvert avec vigilance); le Surinam, qui reste en couleur orange mais bénéficie d’une ouverture sur certains secteurs; et enfin le Costa Rica, qui passe de vert clair à vert foncé, soit une ouverture sans condition.
Seul bémol à ces bilan plutôt positifs : le recentrage sensible de la politique d’assurance prospection, un produit phare pour les PME. Si les montants ont augmenté (+14 % à 240 M EUR), le nombre d’entreprises bénéficiaires a chuté de 23 % (à 1040).
On retrouve le lien entre politique industrielle et commerce extérieur. Car selon Denis Le Fers, directeur général de Bpifrance assurance export, ce recentrage est volontaire : « il y a un vrai virage en faveur de la réindustrialisation ». Autrement dit, vers des PME et ETI dont les activité export nourrissent la croissance et les investissements industriels en France. Le budget moyen couvert par l’assurance prospection est ainsi passé de 140 000 à 235 000 euros par entreprise et 60 % des bénéficiaires ont été des industriels en 2024, contre 30 % en 2023.
Christine Gilguy
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