Alors que les dockers ont entamé le 30 janvier une grève de 48 heures dans la plupart des ports français pour protester contre la réforme des retraites et prévoient des débrayages ponctuels en février, la colère gronde parmi les utilisateurs de transport de fret et les sociétés de transport. Ils fustigent des arrêts de travail qui perturbent leurs activités et ralentissent l’activité économique dans un contexte déjà difficile.
« Exaspération ». Tel est l’état d’esprit de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) qui regrette, dans un communiqué paru le 31 janvier « la portée déplorable de tels mouvements ». Pour l’AUTF, ces derniers se traduisent « sans surprise » par « des dérèglements de flux, des ruptures de chaînes logistiques et des arrêts d’activité (…) qui entraînent la désorganisation (voire, à terme, la démobilisation) des ressources humaines, la déstructuration des liens avec les prestataires, en plus de lourds surcoûts de production et de la perte de clients ».
Conséquence immédiate des grèves, les frais augmentent pour les chargeurs qui « ne veulent plus le payer ». L’AUTF pointe particulièrement « les frais de surestaries, de détention, de stationnement, d’attente pour dépose ou retrait de conteneurs, de stockage de débord hors zone portuaire à l’export, de détournement de flux vers d’autres ports ou encore dans les frais accessoires qui sont, indûment et systématiquement imputés aux chargeurs, sans justification ».
Les usagers réclament un audit de la performance
Trois jours plus tôt, la Fédération nationale des transporteurs routiers faisait également savoir son « exaspération légitime dans un contexte économique déjà extrêmement tendu pour les entreprises du transport routier de marchandises ». De son côté, l’Union des entreprises du transport et de la logistique de France (UTLF) s’inquiète des conséquences de ce mouvement social sur « la compétitivité logistique française ».
Selon l’enquête flash qu’elle a réalisée les 29 et 30 janvier auprès de 26 de ses adhérents, la grève entraîne une augmentation de 23 % des surcoûts opérationnels, une chute de 21 % du chiffres d’affaires de janvier et, par anticipation, de 25 % en février. En outre, l’organisation professionnelle estime son coût sur l’économie nationale à 40 millions d’euros par journée de blocage dans un communiqué publié le 31 janvier.
Dans ce contexte l’UTLF réclame un plan d’action comprenant la limitation des surcoûts, des moyens supplémentaires (matériel et personnel), la mise en place de rendez-vous supplémentaires pour les entreprises ainsi que « le lancement d’un travail de fond sur le rôle stratégique des ports français dans la chaîne logistique internationale ». « A minima, les acteurs logistiques attendent une transparence sur les indicateurs de performance logistique des ports (ex : nombre de rendez-vous, délai d’évacuation moyen des conteneurs, nombre de navires déroutés vers des ports étrangers) », estime l’Union.
Autant de sujets qui ne manqueront pas d’être évoqués lors des discussions qui doivent bientôt s’ouvrir entre la Direction générale des infrastructures et des transports (DGITM) et les acteurs du secteur dans le cadre la Stratégie nationale portuaire.
Sophie Creusillet
Cet article vous a intéressé ?
Mettez-vous en veille, recevez gratuitement la newsletter hebdomadaire du Moci, L’Info Export, diffusée chaque jeudi. Pour s’inscrire, cliquez ICI.