Peu disert sur le commerce au cours de son discours d’investiture, lundi 20 janvier, le nouveau président américain s’est rattrapé en conférence de presse, lundi puis mardi. Lâchant ses coups contre l’Europe, Donald Trump a promis de mettre en place des sanctions commerciales contre le Mexique et le Canada dès le 1er février, et ébauché une politique fiscale internationale pour le moins agressive.. La Chine est par ailleurs sommée d’accepter la revente de TikTok aux États-Unis, si elle veut échapper aux droits de douane de 100% promis par M. Trump. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
La crainte de voir Donald Trump se lancer à bras raccourcis dans la guerre commerciale en imposant des mesures agressives dès le jour de son investiture ne s’est pas réalisée. Le nouveau président américain a même presque oublié de parler de commerce, au cours du discours lunaire qu’il a tenu lundi, à Washington.
Il s’est néanmoins rattrapé peu après, devant la presse.
Memorandum sur la nouvelle politique commercial
Réitérant sa menace de frapper le Mexique et le Canada de droits de douane de 25 % pour les punir pour leur inefficacité supposée dans la lutte contre l’immigration illégale et le trafic de fentanyl, il a précisé vouloir infliger cette sanction dès le 1er février. Le dollar canadien et le peso mexicain ont immédiatement plongé.
Le 47e président des États-Unis, fraîchement élu, a également menacé d’appliquer des taxes sur les importations chinoises pouvant atteindre 100 % si Pékin ne parvenait pas à conclure un accord pour vendre au moins 50 % de l’application TikTok à une entreprise américaine, ainsi que des droits de douane sur les produits de l’UE à moins qu’ils n’achètent davantage de pétrole américain.
Plus tard, lundi, le président américain a publié un memorandum sur sa politique commerciale « America First », qui semble notamment s’orienter vers le doublement des taxes touchant les entreprises et les personnes physiques étrangères présentes sur le territoire américain, comme l’explique le Financial Times.
« L’UE est très mauvaise pour nous »
Mardi, au cours d’une seconde conférence de presse, M. Trump en a remis une couche sur l’UE, répétant sa volonté de la soumettre à des droits de douane – le « seul moyen » pour les États-Unis « d’être traités correctement », selon lui. Comparant le bloc européen à « une petite Chine », il a dénoncé le déficit commercial américain par rapport à l’UE.
« L’UE est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand-chose », s’est emporté M. Trump.
En 2023, le déficit commercial américain dans ses échanges avec l’UE s’élevait à 131 milliards de dollars (126 milliards d’euros) selon les chiffres du département du Commerce américain. Il se concentre principalement sur quatre pays, l’Allemagne, la France, l‘Irlande et l’Italie.
Pour l’UE, priorité au « dialogue »
Les responsables européens n’ont pas moins réagi avec calme à ces nouvelles menaces, à l’instar de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s’est contentée, lundi, de rappeler que les États-Unis fournissaient déjà plus de 50% du gaz naturel liquéfié européen, et que l’UE et les États-Unis sont les économies « les plus imbriquées au monde ».
« Notre priorité absolue consistera donc à engager le dialogue sans attendre, à examiner quels sont nos intérêts communs et à nous préparer à la négociation » a-t-elle lancé depuis Davos, où elle participait au Forum économique mondial.
Même son de cloche du côté de Pékin. La Chine est « prête à renforcer le dialogue et la communication avec les États-Unis (et) à gérer correctement les différences » entre eux, a ainsi déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Guo Jiakun. «Nous espérons que les États-Unis travailleront avec la Chine pour promouvoir conjointement le développement stable (…) des relations économiques et commerciales sino-américaines», a-t-il ajouté. Tout en admettant l’existence de «différences et de frictions» entre les deux pays, Guo Jiakun a observé que «les intérêts communs et l’espace de coopération entre les deux pays sont immenses».