Si le moral des expatriés est globalement bon, celui de leur compagne ou compagnon l’est nettement moins, rapporte une étude d’Expat Communication présentée au ministère des Affaires étrangères en décembre dernier.
L’expatriation reste majoritairement une affaire d’hommes et les conjoints en très grande majorité des conjointes. 64 % des femmes d’expatriés disent avoir bon moral, soit 7 % de moins que leurs compagnons. Une différence, qui s’explique en partie par le fait qu’elles sont 64 % à travailler, contre 75 % des hommes, alors que c’est un facteur important à l’épanouissement en expatriation.
Comme en France, l’écart salarial reste important. La perception des gains par genre montre un écart de l’ordre de 6 points pour les salariés détachés et de 4 points pour ceux en contrat local. Quant au retour d’expatriation, 36 % des conjointes peinent à valoriser les compétences acquises durant ces années passées à l’étranger.
Taux d’emploi moindre et écarts salariaux
« Tout au long des enquêtes menées, nous avons constaté que les femmes, qu’elles soient conjointes ou expatriées, étaient dans une position souvent plus fragile que les hommes à tous les niveaux, pointe Alix Carnot, directrice associée d’Expat Communication, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement des expatriés dans leurs démarches. Ça a une incidence notable sur leur indépendance financière et leur réintégration professionnelle au retour ».
Autre inquiétude familiale, la scolarisation des enfants. A tel point que « le changement de système éducatif nécessiterait un accompagnement spécifique », estime la dirigeante. Entre le choix de l’établissement (école locale ou française, institutions internationales…), celui d’une pédagogie spécifique ou la disponibilité de certaines matières (notamment les langues étrangères), les parents peuvent avoir du mal à s’orienter. En outre, des sujets comme le harcèlement scolaire, peuvent également, à l’étranger, compliquer une scolarité. Ainsi, 16 % des enfants disent avoir été exposés à ce type de situation alors que la moyenne française se situe entre 6 % et 10 %.
En revanche, hommes ou femmes, conjoints ou non, les expatriés ont tous en commun de continuer à suivre assidûment l’actualité française, en particulier politique. A cet égard, « leur avis sur la situation politique en France depuis 6 mois oscille entre incompréhension et sentiment que c’est le cirque dans l’hexagone », souligne Alix Carnot. « Plus inquiétant encore, ils pensent que l’on ne mesure pas suffisamment à quel point la France a perdu de son aura et de son attractivité à l’international. »
Sophie Creusillet