Le rapport annuel du spécialiste de la gestion des risques de santé et de sécurité International SOS vient de paraître. Il met en évidence l’inquiétude grandissante des entreprises pour leurs employés en poste à l’étranger dans un contexte fait de « permacrise » et de tensions politiques.
Les services des ressources humaines (RH) des entreprises internationalisées sont de plus en plus inquiets. Certes la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 les avaient confrontés à un niveau de risque inédit, mais la succession de crises qui se sont depuis installées partout dans le monde n’a pas de précédent. Conséquence : les trois quarts des 800 sociétés sondées par International SOS considèrent les troubles sociaux et politiques comme le principal risque pour leurs collaborateurs et l’entreprise.
Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est néanmoins accentué. Parmi les responsables de la gestion des risques et de santé interrogés, 65 % estiment que les risques ont augmenté au cours de l’année écoulée. Signe de leur pessimisme : ils sont encore plus nombreux (69 %) à prévoir l’irruption de nouveaux risques dus aux seuls défis géopolitiques en 2025.
Perturbation des chaînes d’approvisionnement
Cette conjoncture fait craindre de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et en particulier des transports. Les attaques en mer Rouge, par exemple, ont suffisamment mis la pagaille dans le transport maritime entre l’Asie et l’Europe, entraînant par ailleurs de fortes hausses de coût, pour que les entreprises redoutent de nouveaux événements de ce type.
« La nature interconnectée des risques d’aujourd’hui crée un environnement où les problèmes s’aggravent rapidement et de manière imprévisible, constate Beatrix Renaut, responsable régionale sécurité chez International SOS. Les tensions géopolitiques déclenchent des perturbations des chaînes d’approvisionnement et des cybermenaces, tandis que la désinformation amplifie la confusion, érodant la confiance au sein des organisations et au-delà des frontières. »
Surtout, l’actuelle fragmentation du monde a des effets sur la santé mentale des employés, pas toujours évidents à identifier qui peuvent par ricochet avoir un impact négatif sur la vie de l’entreprise. Loin de chez soi, un environnement géopolitique ou politique de plus en plus instable peut lourdement peser sur la santé mentale d’un collaborateur. 65 % des entreprises identifient le stress et l’anxiété politiques comme des risques importants en 2025.
La santé mental, facteur d’engagement
Ces pressions sont par ailleurs aggravées par des risques plus larges liés au bien-être : le stress et l’épuisement professionnel, le coût de la vie, les troubles de santé mentale, la démission silencieuse (quiet quitting) et l’anxiété climatique.
« Les entreprises qui investissent de manière proactive dans le bien-être de leurs employés renforcent leur résilience opérationnelle, estime Philippe Guibert, directeur médical pour International SOS. Créer un lieu de travail sain, en protégeant et en promouvant la santé mentale, aidera non seulement les employés à surmonter ces tensions, mais favorisera également un engagement, une productivité et une fidélisation plus élevés – autant d’éléments essentiels pour naviguer dans un monde en mutation rapide. »
Sophie Creusillet