Les Émirats arabes unis (EAU) ont annoncé le 11 décembre avoir terminé les négociations entreprises avec l’Union économique eurasiatique (UEE) et ses cinq membres (Russie, Arménie, Belarus, Kazakhstan et Kirghizistan) en vue de conclure un accord de partenariat économique (APE). Revue de détail.
A l’affût de nouveaux partenaires commerciaux pour diversifier une économie encore largement dépendante des hydrocarbures, les Émirats arabes unis continuent d’avancer leurs pions avec cet APE qui doit encore être soumis aux procédures de concordance intra-étatique avant d’être signé.
L’accord vise à accroître les échanges bilatéraux entre les deux blocs en réduisant ou supprimant les droits de douane, en éliminant les obstacles techniques au commerce, en élargissant l’accès au marché et en alignant les procédures douanières. L’APE cherchera également à harmoniser le cadre du commerce numérique et du commerce électronique, en plus de créer de nouvelles plateformes de collaboration pour les PME, précise une dépêche de l’agence de presse émiratie WMA.
De fait, au cours du premier semestre 2024, les échanges commerciaux (hors pétrole) des Émirats avec ces cinq anciennes républiques soviétiques (Russie, Arménie, Belarus, Kazakhstan et Kirghizistan)-dont deux actuellement sous sanctions européennes et américaines-, se sont élevés à 13,7 milliards de dollars, affichant une hausse de 29,6 % en glissement annuel.
Frénésie d’APE
Depuis 2022, la diplomatie émirienne déploie d’importants efforts pour multiplier ces partenariats commerciaux et économiques. Selon un décompte effectué par le Crédit Agricole, l’Inde, Israël, l’Indonésie, la Turquie, le Cambodge et la Géorgie ont franchi le pas. Des négociations avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont également arrivées à leur terme tandis que d’autres sont encore en cours, notamment avec le Japon, la Corée du Sud et les Philippines.
Avec ces APE, les Émirats confirment leur volonté de placer le commerce extérieur au cœur de leur agenda économique et de sortir d’une économie encore axée sur la rente pétrolière. Cette stratégie semble payante, du moins de prime abord. L’agence WMA avance ainsi que les échanges commerciaux hors pétrole des Émirats ont atteint, toutes destinations confondues, 379 milliards de dollars US (Md USD), en hausse de 11,2 %.
Une sortie du tout-pétrole en trompe l’œil
Une note de la DG Trésor d’octobre précise que « les exportations du pays se sont considérablement diversifiées au cours de la dernière décennie » et que « la vente d’hydrocarbures représente ainsi 15 % des exportations totales en 2023, soit moitié moins qu’il y a dix ans ». Hors, si le commerce hors hydrocarbures est bien à la hausse, cette dernière est avant tout liée à la progression des importations de produits. Surtout, souligne le Trésor, ces exportations hors pétrole « se composent en large partie de réexportations ».
Forts de leur situation géographique, les Émirats sont en effet devenus une plateforme logistique pour des produits importés d’Asie et revendus au Moyen-Orient et en Inde, mais aussi pour le commerce de diamants africains réexportés sans transformation.
En outre, les citoyens russes ont afflué à Dubaï depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, investissant massivement, notamment dans l’immobilier. Selon des estimations non officielles citées par Le Figaro, le plus riche et tape-à-l’œil des Émirats compterait parmi ses 3,6 millions d’habitants, 500 000 citoyens russes…
Sophie Creusillet